Correspondances de Port-Réal

Compte rendu épistolaire des événements de Port-Réal : au dixième mois de l'an 332, l'automne s'installe et le Grand Septon prépare la moisson des mauvaises âmes. Retranchés dans le Donjon Rouge, les rejetons des grandes maisons de ce monde communique avec leurs proches.


Lettre de Deria Allyrion à Mandric Allyrion, à Lancehélion




Mon frère au courage véhément,
A Dorne dont vous êtes le régent,
Votre soeur qui vous sert d’agent,
Vous salue au nombre de cent.

Nous vous recommandons par ce courrier la plus grande prudence quant aux affaires de la capitale, soyez par la missive informé que la situation à Port-Réal devient de plus en plus inquiétante. Non content d’organiser pendaisons et punitions par dizaine dans les faubourgs, les dévots ont désormais atteints la ville et demandent aux Targaryens de nous livrer à la foule, nous ainsi qu’une pléthore de famille considérée comme maléfique.

Mes bonnes oeuvres durant ces derniers mois n’auront rien changés à cela et je dois désormais m’en remettre à l’efficacité des hommes du Prince, plus heureux de s’enorgueillir de réussites contre cette clique de noblions qu’ils ont chassé de ville il y a quelques jours, que de nous sortir véritablement de ce bourbier. Heureusement, le Donjon Rouge tient bon et nous ne serons menacés que lorsque le Guerrier leur apprendra à construire échelles et béliers. Les roturiers ne sont pas des artisans de siège.

J’espère que la situation de Dorne se rétablira plus rapidement qu’à la capitale dont l’odeur putride n’a d’égal que les hommes malfaisants qui la composent, gueux comme  nobles. La légèreté de Dorne me manque, l'air n'y est pas vicié et les hommes y sont plus honnêtes, à défaut d'être calmes de tempérament. Le sang n'aurait pas coulé à Dorne pour empêcher hommes et femmes de s'adonner à des plaisirs naturels.

En espérant que ces désordres n'influent pas sur la Principauté car nous vous savons aux prises avec nos ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur et vous souhaitons par la présente nos voeux de réussites les plus sincères.

Mes salutations à notre prince,
Mes salutations à notre frère et à notre soeur,
Mes salutations à vous mon frère,
Votre chère et tendre, à jamais loyale,

Deria Allyrion




Lettre de Jyanna Whent à Manfred Whent, en guerre dans le Val d'Arryn



Bonjour main sans-roi,


Vous serez ravi d’apprendre que, je vais bien, ainsi que la sotte femme de Thoren et ses deux morveuses qui lui servent de filles. La situation à Port-Réal a beaucoup changée, et je suis certain que vos amis, les Grands du Conseil, vous en donneront une idée claire. La majorité de la ville est passée sous le contrôle de Barrian, qu’on nomme ainsi puisque les Saintetés lui refusent le nom de Grand Septon, et de la foi militante. La raison en est notamment qu’ils rivalisent avec les hommes d’armes du Guet. Non pas qu’ils en aient l’entraînement, ils compensent par leur fanatisme, mais ils jouent sur un pied d’égalité en terme d’armement.
Je tenterais bien quelque chose, une nuit. Après tout notre famille à ses faveurs à Port-Réal, et certains nobles osent sortir de temps en temps. Ils sont obligés de se déguiser : même une escorte en armes  ne pourrait rien face à eux.

Si vous étiez là, nous pourrions changer les choses, mais c’en est ici au point où les manteaux d’or refusent de les combattre, lassé des affrontements et trop couards pour y retourner. Le Bailli de Port-Réal est d’une fureur noire selon la Cour.

Salutation à vous qui pataugez dans la boue à la poursuite du Prince renégat.
Je vous souhaite bien du plaisir,

Votre chère et piquante enfant.
Jyanna




Lettre de Sanya Dondarrion à Ynys Dayne, à Havrenoir



A mon tendre mari, Ynys, l'acier qui épouse férocement ma volonté,

Ton absence m'affecte bien plus que trois milliers de dévots aux portes du Donjon Rouge. Et même si notre distance me désole, je me console cependant de savoir que mes mots t'atteignent à Havrenoir. Je te serai grée de passer le message de mon amour et de ma sécurité, ainsi que celle de notre petit Doran bien évidemment, aux membres de la famille. Mon espiègle oncle a dû déjà exprimé ses souhaits à Darrin, mais n'étant pas homme à craindre pour sa vie, je doute qu'il l'ait importuné avec les soucis de Port-Réal.
Permets donc à ta grâcieuse épouse de t'informer sur les malfrats qui ont certainement peu de chance de la faire trembler. Cette « armée » des pieux n'a tout simplement pas les outils pour prendre d'assaut le Donjon Rouge, une forteresse dont le but même fut de pouvoir résister des années aux intempéries des folies plébéiennes. Suite à une confusion, cette horde se réclamant de la Foi Militante et de trois mille esprits pieux ont réussi à pénétrer Port-Réal par les portes ouest et à imposer leur loi dans les quartiers après en avoir chassé les Manteaux d’Or et nos propres hommes de loi.

Des mots sont remontés au Donjon Rouge de plusieurs baillis, parlant de tribunaux des pieux et de l'originalité des ordalies que cette Foi martiale impose aux accusés. Ils réclament vouloir purifier de la perfidie des grandes maisons les Sept Couronnes et d'y faire prospérer la foi et la vertu. En commençant, c’est entendu, par faire un sort à tout ce que la ville compte d’incroyants et de malhonnêtes. Au vu des troubles récents dont notre famille a souffert, mon coeur résonne à l'idée de lutter contre l'infamie, mais mes yeux ne voient qu'en ces zélotes un voile hypocrite pour des intérêts qu'ils dénoncent. Ils prétendent lutter contre la cupidité, mais la leur les empêche de voir les Sept Couronnes dans leur grandeur, et la tâche de la noblesse. En ne faisant rien d'autre que quémander des privilèges pour son septuaire et son ordre militant, Barrian manque cruellement de considération pour le royaume, qu’il prétend pourtant défendre et purifier. En somme, c'est le résultat d'un esprit opportuniste profitant de la discorde autour du Trône de Fer pour son profit. Laisse ces gredins à mon oncle, la maison Dayne a besoin de toi pour écraser les Forrest.

Une tendre épouse à son cher mari, Sanya Dayne



Lettre d'Elias Hightower à Laswell Hightower, à Villevieille



A mon bien-aimé frère Laswell,

La situation à Port-Réal s'envenime de plus en plus à Port-Réal : la loi despotique de la Foi Militante s'établit sur toute la ville. Ce ne serait rien de plus qu’une intempérie si toutefois ils n'avaient pas décidé de brûler et saccager les lupanars de toute la ville, depuis Culpucier jusqu'au abords du donjon rouge. La rue de la soie n'est plus que l'ombre d'elle-même, et les lanternes rouges brisées jonchent les pavés de la cité tout entière. Ils sont des plus méthodiques, car ils pénètrent dans les établissements, saisissent maquerelles et autres protecteurs pour les juger selon leurs lois déspotiques, placent les filles sous l'oeil attentif de septas ventripotentes et de gardes patibulaires, et crament généralement l'établissement.

Poussé comme tu le devines par une ardeur qui m'est propre, j'ai dû tenter la sortie vers un des quelques quartiers qui leur résistent avec trois braves gars, déguisés en mendiants. Quelques dévots imbéciles nous ont invectivés en nous demandant si nous étions des bons croyants, et nous ont sommé de leur réciter quelques prières. Je m'apprêtai à dégainer pour leur en faire chanter une de mon cru, mais Desmond m’a devancé et a réussi à leur sortir leurs cantiques. Comme quoi ce n'est pas vraiment un critère de piété que de savoir psalmodier leurs conneries, vu que ledit Desmond n'a pas refusé de participer aux réjouissances qui ont suivi.(modifié)

En tout cas, je peux t'assurer que le jeu en valait la chandelle, même si les tarifs ont augmenté dans la maison que j'ai visitée. Les gars et moi recherchons sans relâche des moyens plus sûrs d'y retourner. C'est quand même honteux que des chevaliers de la maison Hightower aient besoin de se cacher pour aller au bordel, alors que la ville en est devenu un énorme - au sens figuré hélas. On se croirait au temps de cet enfoiré de Baelor Ier ! Quand la situation sera rétablie, j'ose espérer que la famille Hightower saura aider à remettre en place ces traditions Port-Réalaises et Westerosii, essentielles à la cohésion, la prospérité et la pérennité de ce royaume.

Ton frère qui prend son mal en patience, Elias.


Lettre de Rayford Rosby a son épouse, à Rosby



Ma chère Bethany,

J'espère que votre retour a Rosby a été sans incident ; pour nous, la situation est très tendue. La foi militante a pris quartier dans la Cité après en avoir franchi les portes, et la plupart d'entre eux sont désormais en ville. Ils nous ont envoyée leurs demandes, adressée au prince Aethys, exigeant de nouveaux privilèges, des positions, entre autre...  Ils promettent d'arrêter leurs crimes, brûler les lieux de pêché, pendre des hommes de main de lord Bracken, terroriser la ville. J'ai peur pour nous, vous me savonneriez mais j'ai déjà vidée beaucoup d'outre pour calmer mes nerfs. J'ai bien peur que si le prince refuse ils ne viennent tous nous massacrer au donjon rouge : on sous-estime bien trop l'ardeur et l'inventivité des illuminés, même gueux.

Nos futures relation avec la Foi Militante sont en mauvaise passe : ils ont demandé encore plus que ce que je leur avait promis lors des négociations. Qu'on livre à leur justice une demi-douzaine de conseillers ; qu'on légitime les actes de justice des Septons de la Foi Militante ; qu'on accorde au Grand Septon une place consultative au Conseil Restreint ; qu'on rétablisse dans les lois du royaume la Foi Militante ; qu'on leur accorde l'usage du Septuaire de Baelor, et qu'on destitue une bonne partie des Saintetés ; qu'on amnistie tous les Pauvres Compagnons capturés lors de la première insurrection ratée ; que la Foi soit reconnue comme pilier du royaume et dotée de nouveaux privilèges, concernant notamment les ordres mendiants et les Septuaires de Baelor et du Lion-Blanc. C'est pour cela ma dame que j’essaierai au mieux d'apaiser l'ardeur de ces hommes si j'en avais le pouvoir, et si je ne me suis pas trop discrédité auprès du prince Aethys après avoir échoué a ma difficile tâche de négociations. J'ai cependant eu vent qu'ils étaient satisfaits de ma performance, non pour mes effets sur les exigences du Grand Septon, mais pour les dix jours de répit que j'ai fais gagner à Port-Réal. Si les Sept le veulent, le prince voudra bien me donner encore d'autre mission pour servir la Couronne du mieux que je peux. Je n'ai pas d'autre désir et j'espère qu'il le sait.

                                                                                                                                              Votre époux Rayford