Bief - Maison Hightower de Villevielle

Ce texte se situe quelque temps avant la reprise du jeu en tour 31. Il ne dépeint (pour l'instant) qu’une première partie de la famille.  






Le Soleil commençait à peine à projeter l’ombre du Phare sur la mer et la ville lorsque Laswell Hightower ouvrit les yeux. Celui-ci reconnut vaguement les formes de sa chambre dans l’obscurité déclinante et se glissa ensuite hors de son lit, en faisant attention à ne pas réveiller sa femme Octavia dont il devina dans la pénombre le visage noyé dans une cascade de cheveux blonds. Il se vêtit rapidement et silencieusement d’une tunique gris clair, ceignit Vigilance, la légendaire épée de la famille, et sortit de sa chambre.


On voyait à présent ses traits harmonieux enrichis par l’expérience des années, et sa carrure robuste pour un homme de 46 ans. Il sa dégageait de lui une aura de commandant qui convenait parfaitement au guerrier qu’il était. Ayant prit part à la bataille de Tyrosh en 315, il avait également été maître des flottes du Royaume, commandant durant la guerre du Val puis lors l’invasion de Dorne de 318 : il comptait tout simplement parmi les chefs de guerre les plus expérimentés de Westeros. Sa démarche alors qu’il se rendait dans sa salle à manger montrait elle-même son attitude calme mais souveraine, et par là sa volonté de s’imposer dans tous les domaines.


(Laswell Hightower, épée à la main, à Tyrosh en 315)

 Il prit un rapide déjeuner avec ses deux frères, Dorian et Elias. Le premier arborait son visage taciturne comme à son habitude, mais ne dédaignait pas la conversation du Lord. Cela lui ressemblait bien, en effet : sans être particulièrement gâté par la nature, à 43 ans il demeurait bon et loyal envers son frère et sa famille. Chef militaire pratique et expérimenté - quoiqu’un peu dans l’ombre de son frère - Doran était tout ce que l’on pouvait attendre d’un bon lieutenant. En face de lui se tenait son exact opposé : son frère Elias, 34 ans, drapé dans une magnifique étoffe dornienne et qui souriait à tout bout de champ dans cette conversation, faisant ressortir sa beauté juvénile. Il était déjà comme toujours survolté malgré l’heure matinale et la nuit courte qu’il devait avoir passée (ce n’est pas en vain que certains l’appellent Le fléau des maris). Les quelques œillades qu’il lançait à la servante qui avançait les assiettes ne prêtaient pas tellement à confusion, d’ailleurs.

Alors que Laswell se tenait prêt à vaquer à ses occupations, il entendit boîter sa sœur Jeyne dans le couloir. Celle-ci était accompagnée de son mari Lyonel Du Rouvre, qui s’effaçait un peu devant la haute taille et l’aspect terrifiant de sa femme, lesquels reflétaient d’ailleurs l’autorité naturelle qu’elle avait toujours eu sur lui et sur les esprits faibles. Alors qu’elle s’asseyait à la table, Laswell devina un léger tremblement de sa main gauche, résultat d’un incident stupide de la part d’une des servantes peu après sa naissance. Il redressa la tête pour poser son regard sur le visage dénué de beauté de sa sœur et comme d’habitude le regard froid et dur de celle-ci le frappa quelque peu. Finalement, après les salutations d’usages, il prit congé et partit en direction de sa salle d’affaires où il avait l’habitude de traiter des problèmes en cours et de la gestion de son domaine.


Il fut rejoint assez vite par Edmund, son héritier de 24 ans. Celui-ci ressemblait bien à Laswell tant par son physique que par son charisme. Laswell se savait aimé et admiré par son fils, et celui-ci l’avait surpris plusieurs fois par son habileté et ses capacités de réflexion et de gouvernance. Edmund remplissait dans le phare les fonctions du regretté chambellan Lyndon Buwler, mort au cours d’une stupide rixe. Ayant gouverné de nombreuses fois Villevielle durant les dernières années, à chaque fois que son père s’était absenté, il s’en était toujours sorti avec une grande maestria. Lorsqu’Edmund rejoignit Laswell, il gratifia son père d’un intense sourire qui ressemblait sans aucun doute à l’un de ceux de son oncle Elias.

Le second fils du Lord, Martyn, passa d’ailleurs s’entretenir avec les deux à propos de la gestion des fortifications et du guet. Son allure était fort différente de celle de son frère et de son père même s’il avait pour le moins une démarche chevaleresque assurée. De son ton usuellement posé et studieux, il exposa les divers problèmes auquel il était confronté ainsi que ce qu’il allait mettre en place pour les résoudre. Bien qu’il fût assez proche de son oncle Elias à cause de son penchant pour les plaisirs charnel, Laswell et toute la famille savaient qu’il était un jeune homme des plus prometteurs. Il avait d’ailleurs réalisé plusieurs séjours à Hautjardin où il avait assisté le suzerain fort honorablement.

Après que Martyn a fait son rapport, Laswell et son héritier traitèrent quelques litiges commerciaux et une doléance de la Citadelle avant de se séparer peu avant le déjeuner. Laswell descendit alors plusieurs étages avant de s’accouder à un balcon pour embrasser la vue de Villevielle que lui offrait la vue depuis un des balcons intermédiaires du Phare, une vue imprenable et magnifique. On y voyait parfaitement les merveilles architecturales resplendissantes sous le soleil à son zénith : la Citadelle, le Septuaire étoilé mais aussi le port et l’Arsenal de Villevielle et son va-et-vient incessant de nefs aux voiles multicolores. Les eaux de la baie de la baie de l’Hydromel étincelaient sous les rayons chaleureux de ce début d’Automne. De loin, il lui semblait deviner des silhouettes de gardes sur les remparts qui gesticulaient. Il imaginait sans mal que son neveu Petyr était l’un d’eux. Jeune homme au physique repoussant, il ne cherchait depuis qu’à s’imposer sur le plan militaire et Laswell ne l’avait vu vraiment heureux qu’une seule fois : lorsqu’il lui avait offert un commandement militaire. Depuis, Petyr ne s’habillait quasiment plus qu’en armure, et ne semblait s’intéresser qu’à la stratégie et à la gestion des hommes sous son commandement. Il était strict et souvent en colère, au grand malheur de certains des soldats négligents qu’il pouvait croiser, hélas.

 Laswell fut finalement tiré de ses rêveries en voyant passer par la coursive derrière lui son neveu Léo et sa femme Alyssa Corbray-Hightower. Mariés depuis 4 ans, ils étaient encore assez amoureux et n’arrêtaient pas de se sourire (ça en devenait d’ailleurs assez dérangeant). Proche de son aîné Petyr, Léo réussissait l’exploit d’être encore plus laid que son frère, à cause d’une mauvaise chute de sa mère. Ayant mis alors tous ses efforts à l’étude théorique sachant qu’il n’avait pas été gâté par la nature, le tout avait produit un jeune homme assez polyvalent, bien que taciturne car il partait toujours du principe que tout le monde le méprisait. Laswell évita habilement la longue discussion sur le point de s’engager et s’enfonça dans la coursive derrière eux.

La vue d’Alyssa lui rappela les membres de sa famille qui s’étaient mariés et étaient parti vivre loin : sa sœur Adénor et sa fille Ariane. Adénor, tout d’abord, sa sœur chérie, connue dans le peuple comme La perle de Villevielle. Incontestablement la plus belle femme du royaume, mais aussi discrète, très fière d’elle-même et de sa famille, dévouée au bien du plus grand nombre - le Phare avait sans doute perdu une de ses plus belles âmes lorsqu’elle était partie pour Roche-aux-Runes à la suite d'un mariage légendaire. Hélas, la guerre entre les Frey et les Royce/Hightower avait laissé fort peu de temps au couple. Convertie à la religion de R'hllor à la suite de son mari, cela n'a changé en rien sa relation avec la famille, mais a contribué hélas à faire des Hightower une famille peu aimée par les adorateurs des Sept. Ariane, elle, mariée au grand ami de Laswell Lord Corwen Barathéon, était sans aucun doute assez naïve mais d’une douceur touchante et d’une bienveillance naturelle qui manquaient elles aussi à Laswell.


(Adénor Royce, née Hightower)


(Ariane Barathéon, née Hightower)

Après un repas rapide et assez frugal, Laswell descendit les marches du phare jusqu’à la haute-cour du château. Il était peu commun parmi les seigneurs de vivre 120 pieds au-dessus de la haute-cour de son château, mais force est de constater une chose, cela maintenait la famille dans une bonne forme. Enfin parvenu dans la cour avec plusieurs de ses chevaliers, Laswell se prépara pour une petite chevauchée sous les remparts. Le bâtard d’Elias, Merle Flowers, qui en tout cas était le seul à avoir été reconnu et éduqué à la Grand-Tour, insista pour l’accompagner. Laswell accepta sans mal : le jeune homme de 17 ans était extrêmement jovial et avait hérité du caractère bon vivant de son père. Aventurier réputé pour ses passages en Essos pour des affaires diverses, il était dégourdi et assez fougueux, cultivant remarquablement bien les vertus chevaleresques dans lesquelles il excellait.


Laswell se laissa aller facilement à la contemplation des remparts extérieur de Villevielle : les murs gris, solides et épais, étaient à l’image de la seconde ville et le second port du Royaume, magnifiques et souverains. Ils contrastaient un peu avec la prodigieuse masse noire de la citadelle et de la Tour qui s’élevait sur Bataille-Isle et donnait l’impression de s’enfoncer dans le ciel. Un pont de pierre à quelques lieues des portes de la ville marquait la naissance de la route de la Rose, qui traversait le Bief jusqu’à Hautjardin et à la capitale. Arpentée en ce début d’après-midi par des caravanes et des convois conséquents, il devenait déjà difficile de passer.
Sitôt rentré au Phare et ayant regagné l’étage résidentiel, Laswell passa converser un peu avec sa sœur Lysa, qui brodait avec Alicent, la seconde fille du Lord, et Mya, troisième enfant de Dorian. Comme d’habitude, la conversation d’apparence anodine laissait percer çà et là l’intelligence aigüe de Lysa, et son arrogance profonde. Très cultivée, elle savait en imposer à son interlocuteur et faire sentir sa supériorité, même si par ailleurs elle était extrêmement complémentaire avec sa fratrie. Lysa était mariée à Quentyn Florent et séjournait à la Tour. Alicent, elle, était plus effacée et souriait plus, mais sans aucun doute elle nourrissait la conversation aussi bien que sa tante. Son attitude plus posée et moins autoritaire en avait fait une jeune femme au leadership certain dans la seconde génération des Hightower. Elle assistait d’ailleurs Edmund dans la direction des affaires courantes lorsque son père était absent. Mya complétait également le triumvirat tacite établi lors des absences de Laswell : un peu plus effacée et moins extravertie que ses cousines Ariane et Alicent, elle avait cependant acquis une incroyable connaissance de l’histoire militaire à la suite de ses frères, et également des capacités surprenantes en économie et en commerce. Son caractère calculateur en fera sans doute un atout encore plus grand pour sa famille et son mari.

En sortant de cette petite discussion, Laswell erra un peu dans les coursives en vue de rejoindre son bureau. Il entendit soudain une voix mélodieuse s’élever des murs noirs du Phare, soutenue par quelques accords de luth. Quelques pas plus loin, ses soupçons s’avéraient fondés : Elyn, la dernière fille de Dorian, s’exerçait au chant avec l’aide d’un troubadour. Laswell ne put s’empêcher de remarquer ses deux doigts coupés à la main droite, mutilation survenue pendant son enfance à cause d’une épée mal accrochée à un mur. Il détourna assez vite le regard, sachant combien la jeune fille était susceptible sur ce point. Celle-ci, n’ayant rien remarqué, sourit tendrement à son oncle qu’elle adorait et admirait par ailleurs, de même qu’Elias et Adénor, les deux autres perles de Nyméria. Elyn était une jeune fille généreuse, par ailleurs, et était connue et appréciée pour ses œuvres de charité dans la ville.


Après avoir rédigé quelques lettres à ses vassaux, et alors que le crépuscule s’avançait, Laswell eut envie de se hisser jusqu’à l’avant-dernier étage de la tour. L’horizon s’emplissait d’une lueur rouge et les derniers navires se glissaient dans la baie de l’Hydromel, alors qu’au-dessus de lui le brasier du phare commençait à être préparé par les hommes de la garde. Laswell s’approcha du long-œil myrien attaché sur la tour et balaya l’horizon puis les remparts. Il reconnu le Nyméria, le navire-amiral de la flotte, splendidement ouvragé ; les pelotons du guet qui arpentaient la ville ; les comptoirs et les marchands qui allaient et venaient, impatients de conclure leurs affaires avant que la lueur de la tour n’éclaire la nuit. Le soir était prometteur et scellait une journée chargée. Enfin, le phare fut allumé et une clarté nouvelle emplissait la nuit, rappelant à Laswell la devise familiale : « Nous éclairons la voie. »