Résumé de Dorne à la V2

Joueurs notables :
Emluv – Ellia Martell
Jacquotte – Gulian et Malvina Dayne
Corbak – Teora Ferboys
Nietzsche – Daemon Forrest
Aedhr – Mandric et Edric Allyrion



Début de la partie

Dorne commence la partie tardivement, dans un contexte tumultueux, héritant des développements et crises des étapes précédentes du jeu (la V1 et l’ellipse). La région est divisée autour de certaines questions, entre autre le rapport à Westeros, l'autorité militaire ou économique. Ce qu'il faut retenir en préambule, c'est qu'une division illusoires fausse le jugement de beaucoup de seigneurs ; l'idée que les divisions politiques correspondent à une division ethnique entre Dorniens rocheux et salés, avec les sableux entre autre. Si, certes, la cohérence géographique et culturelle des deux ensembles donnera une certaine continuité dans les positions politiques, il ne s'agit pas d'ensembles uniformes ; non seulement la limite est poreuse d'une « ethnie » à l'autre, mais en plus, les truchements sont fréquents selon l'intérêt ou la personnalité des seigneurs.

Cependant, il est évident que, des conflits du passé, deux lignes subsistent ; celle de Elia Martell-Dayne, très politicienne et qui cherche à s'exprimer dans la continuité de la période de prestige de la gouvernance de Meenah Martell. Fière de la culture Dornienne, on peut identifier dans cette ligne un certain isolationnisme critique, les rivalités avec le reste de Westeros étant clairement assumées. La seconde est beaucoup plus conciliante, intégrée culturellement au reste du Royaume, mais d'une manière critique, et avec des objectifs avoués de développement diplomatique. Les deux se confondent sur de nombreux points, et ne peuvent être résumé à un enjeu d'affirmation culturelle ; il s'agit d'une mosaïque de seigneurs, d'événements et de tactiques qui sont plus ou moins affirmées. A ce titre, les soutiens traditionnels de la lignée de Morgan sont sans doute bien plus bellicistes que ceux de la lignée d'Elia, à de nombreuses reprises.

Ellia Martell, née Allyrion, Princesse de Dorne à l’autorité contestée mais bien réelle, est considérée comme très aventurière dans sa gestion des intérêts de la Couronne. Son mariage avec Quentyn Martell est une tentative de conciliation entre les deux lignées rivales. Son règne effectif ne commence qu’en 328, à la mort de son mari ; assumant la régence au nom de son fils, elle entame une période de reconfigurations importante. Commerçant avec les Cités Libres, et notamment Volantis, réarmant progressivement la Couronne, elle cherche à isoler sa région des pouvoirs centraux des Sept Couronnes, ré-instituant ainsi la ligne des Dorniens Salés de la première guerre civile. Mais on peut dire que, en un an et demi, ces projets sont restés des ébauches, qui marqueront le paysage Dornien dans un futur proche, mais qui n'auront jamais réellement connu de pérennité dans les années Ellia et dans la période qui suivit.


Nouveaux pouvoirs

Avant d’avoir le temps de réellement se lancer dans le jeu, elle se fait assassiner au tour 13 par les seigneurs Ferboys et Dayne (avec qui elle était en bonnes relations jusque-là), ce qui précipite une nouvelle guerre civile. Ses frères ; deux guerriers au caractère bien trempé, prétendent châtier les meurtriers et reprendre la régence ; ils lèvent une armée, mais manquant du soutien des seigneurs de l’est, attentistes et peu motivés à l’idée de suivre ces deux personnages colériques, ils ne parviennent à réunir que moitié moins de troupes que leurs adversaires, qui eux disposent du soutien des seigneurs des Montagnes Rouges. La première bataille des plateaux du fléau, malgré la défection d’une partie des forces Wyl menée par Quentyn Sand, est une victoire pour les Dayne et Ferboys, qui, aussitôt après, marchent sur la Grâcedieux.
L’un des deux frères s’y retranche avec le tout jeune Prince de Dorne, Doran Martell, désormais dernier de son sang. Menaçant de mettre un terme à la lignée si on ne lui accorde pas le droit à l’exil, il parvient à négocier en des termes avantageux, et les deux frères embarquent pour Essos avec leurs fidèles.

En deux mois, la régente d'Ellia et la plupart de ses projets sont enterrés. Ni ses frères ni ses alliés ne tiendront la ligne ; mais la légitimité fragile des nouveaux dirigeants, leur isolation préalable, et leur crainte surtout de voir le jeune Doran se faire assassiner, seule source de stabilité et de légitimité pérènne à Dorne, les pousse à adopter jusque dans les extrêmes l'attitude de conciliation et de prudence qui les caractérise, bien qu'ils ne soient pas opposés à l'intrigue ou la diplomatie secrète.


Les nouveaux Seigneurs de Dorne, Gulian Dayne et Teora Ferboys, s’imposent facilement à Lancehélion. Un nouvel ordre naquit, fondé sur un conseil de régence composé des seigneurs Qorgyle, Poulet, Uller, Noirmont, Vaith, Gargalen, Santagar, Toland, Le Voi, Forrest et Dalt. Le pouvoir réel était cependant essentiellement entre les mains des seigneurs Dayne et Ferboys.
Si de manière générale il est difficile de percevoir les lignes de force de la politique dornienne, le nouveau pouvoir était de manière flagrante beaucoup plus tourné vers la paix. Les notamment Dayne étaient engagés auprès de plusieurs maisons de Westeros ; Whent, Frey, Dondarrion ; souffraient d’une moins mauvaise réputation que la majorité des autres Dorniens vis à vis des Bieffois et Orageois ; et participaient plus volontiers aux tournois et banquets ; ils participaient à la vie de la capitale et ainsi étaient mêlés au reste du royaume. Une mêlée et une joute furent d’ailleurs organisés aux Météores à l’occasion du mariage de Malvina Dayne, héritière de Gulian.
De plus, ils prirent très vite leurs distances vis à vis de Lys, Myr et de Volantis, tout en s’alliant de plus en plus volontiers à la famille Tully de Tyrosh. Au final, preuve semblait être faite de leurs intentions pacifistes, quand, fin 330, ils annoncèrent avoir réuni de quoi rembourser les 100.000 dragons que leur Couronne devait à la Banque de Fer ; cela associé à de nombreuses annonces commerciales.

Mais l’initiative qui plongea Dorne dans le chaos, si elle était d’ordre militaire, s’inscrit au final dans cette même ligne politique fondée sur la conciliation. Lors du tournoi d’anniversaire du Prince à Lancehélion, le Conseil autorisa la formation d’une milice des seigneurs des Montagnes Rouges. Les dorniens rocheux, plus belliqueux, affirment ainsi leur autonomie, même face aux deux plus éminents seigneur de leur race.
Il est difficile de considérer qu’il s’agit bien d’un enchaînement, et si on peut attribuer dès le départ une intention belliqueuse à cette initiative, ni même à qui en particulier elle revient. Il est probable que l’idée en soit procédait plus d’un sentiment général partagé par une partie au moins des seigneurs rocheux.




Le Roi Vautour et l'invasion de Dorne

Toujours est-il que cette même année, quelques semaines après que la milice se soit officiellement formée, un Dornien, seigneur ou milicien, aventurier ou paysan, se nomma Roi Vautour et, à la tête de six cent hommes (selon ce que s’accordent à dire les rapports), déboula des cols, pilla et incendia Corcolline et les terres alentours.

S’ensuivit une crise diplomatique d’ampleur, le Bief menaçant de répliquer immédiatement si lumière n’était pas faite sur les événements, permettant ainsi au Trône de Fer de proposer une mise au claire immédiate à Port-Réal. Mais ce geste était une duperie ; convaincu que le Conseil de Régence était responsable de manière directe ou indirecte, les Bieffois et les Orageois armèrent flottes et armées et attaquèrent aussitôt, tandis que Gulian Dayne croyait encore à des négociations.

Les Dayne, paralysés, ne pouvant espérer aucun soutien réel, abandonnèrent immédiatement Lancehélion et Les Météores pour se replier dans les terres, laissant ainsi les deux place-forte politiques principales aux mains de l’ennemi. La seule réussite, à ce titre, est l'évacuation ; aux Météores, l'avant-garde Fossovoie est ralentie à grand coût, permettant d'emmener à Haut Hermitage les archives, l'or et les effets de la maison Dayne. Le château tombera dans les heures qui suivent.

Mais la flotte Dornienne, qui voulut s’abriter à Lys pour repartir vers Tyrosh sans combattre les navires Baratheon et Hightower, eut la mauvaise surprise de rencontrer en la personne du gendre du Triarque de Volantis et Magistère le plus puissant de Lys, Tychomenos Isalios, un hôte bien peu compatissant ; les accusant d’avoir sapé par leurs actes les intérêts commerciaux des deux Cités  , et d’avoir assassiné un allié vital, il fit arrêter la plupart des seigneurs présent à bord, et s’arrogea les navires et l’argent présent. Lyris Dayne, la femme de Gulian, Sanya Dondarrion/Dayne et son bambin, ainsi qu'une douzaine d'otages de marque, resteront ainsi entre les mains de Volantis jusqu'à la fin du conflit.

Pendant ce temps, le Sire de Hautjardin, après avoir pris Les Météores à l’aide de contingents Fossovoie et Hightower, remontait vers Haut Hermitage, tandis que du nord des forces Vouyvère et Du Rouvre assaillaient les montagnes. Un premier assaut fut repoussé par les Noirmont, qui durent ensuite faire volte-face pour intercepter l'armée Vouyvère, laquelle remplit son rôle de diversion à merveille ; après un second assaut, Haut Hermitage tombe. Les frontières restent agités, et les troupes Dornienne restent sur la défensive, les Orageois se massant dans les Marches, tandis qu'à l'est, les troupes massées par les seigneurs salés ne répondent pas aux appels, et concluent en quelque sorte une neutralité de facto vis à vis du contingent Baratheon/Estremont, qui ne mènera aucune avancée à l'intérieur des terres. Uller procédant rapidement de même, et Qorgyle prenant la mer pour rejoindre Tyrosh et prêter main-forte au Prince Daemian de Tully, victime d'une guerre secrète menée par les Cités Libres.

Après un baroud diplomatique qui n’eut même pas lieu, Dorne se fit ainsi terrasser pour la deuxième fois en quelques mois à peine. Replié dans une attitude défensive, on peut noter que les succès de l'envahisseur sont tout autant attribuables à l'efficacité de leur machination qu'au manque de préparation des Dorniens ; ni l'ost ni la flotte n'étaient préparés à l'assaut, les rares alliés prêt à soutenir le Conseil furent immédiatement neutralisés, et les défenses de leurs deux centres politiques étaient tout à fait inexistantes. De plus, certaines stratégies qu'on pourrait qualifier d'audacieuses si un réel coefficient défensif était déployable, ou si l'adversaire avait quelques intérêts à attaquer, tombèrent ainsi à l'eau pour ne faire qu'affaiblir encore plus la légitimité et le pouvoir du Conseil : les puits empoisonnés causèrent l'ire des Dorniens de l'est, les groupes de harcèlement et le peu de centralisation militaire contribuèrent à renforcer la puissance des futurs ennemis Forrest et Noirmont, ainsi que le désistement de Qorgyle, les tentatives de négociations laissèrent tout pouvoir à la Main du Roi, bien plus disposé vis à vis des Tyrell et Baratheon.



La rencontre de la Vesprée et la 3ème guerre civile

La plus notable d'entre elle fut la rencontre de la Vesprée, qui s'arrangea entre les divers protagonistes. Y étaient représentés : Teora Ferboys et Daemon Forrest pour Dorne, Garlann Tyrell, Garth Du Rouvre, Lionel Redwyne et Laswell Hightower pour le Bief, Corwen Baratheon, Joffrey Estremont et Arien Fell pour l'Orage. Lucerys Velaryon et quelques hommes du Roi avaient été mandatés par Aethys Targaryen pour régler la situation Dornienne.

D'un côté comme de l'autre, les récriminations et les justifications hâtives sont nombreuses. On ne saurait faire un examen clair de la mauvaise foi ou de la conviction des propos des différents partis, car de nombreux éléments de contexte manquent pour comprendre les intentions des protagonistes, plus divisés qu'on ne le croyait. Les exigences des Bieffois et des Orageois paraissaient désynchronisées, mais aboutissaient concrètement à une tentative de s'accaparer la souveraineté sur Dorne ; via un mariage entre Mina Baratheon et le jeune Prince, la tutelle de Garlann Tyrell sur ce dernier, le maintien de la garnison Orageoise à Lancehélion, l'installation d'un comptoir Redwyne dans la ville, et diverses exigences secondaires (otages et réparations).

Mais le point tournant des négociations est déclenché par les Dayne, qui dénoncent subitement, en la personne des Forrest, les responsables de l'attaque de Corcolline. Les preuves avancées semblent fragiles, supportées uniquement par la légère conviction préalable que certains avaient à l'endroit de ce seigneur aux motifs douteux. Le barouf augmente tant et si bien que la Main du Roi fait enfermer la délégation Dornienne, et, point culminant de l'humiliation, les déclare incapables de mener les négociations, de par leur incompétence flagrante et leur légitimité douteuse ; et à ce titre, déclare qu'il mènera les négociations en le nom de Dorne, après avoir fait arrêter les représentants Dorniens.
Le traité passé ensuite conservera la majorité des points exigés par la coalition des seigneurs du Bief et de l'Orage, mais la plupart ne sont pas appliqués dans l'immédiat ; notamment, l'enquête devant être menée contre la personne de Lord Daemon Forrest n'a toujours pas commencé.

Il apparaît cependant que le point le plus important sera très vite sujet d'interrogation: le mariage du Prince. Les termes du traité confient l'éducation et la tutelle du jeune Doran Martell à Sa Majesté Valarr Ier et par extension à Lucerys Velaryon, qui n'a pas particulièrement insisté pour déterminer la location exacte du jeune Prince ; de même que les seigneurs Bieffois. Lesquels, peu après la Vesprée, marieront « Doran Martell » à la jeune Mina Baratheon, en violation des termes écrits. Pourtant, à la Cour Royale, dans le même temps, un jeune homme richement vêtu fait son apparition, nommé par tous : Prince de Dorne.

Deux Doran apparaîtront donc en des lieux différents, chacun sous l'aile d'un des seigneurs qui, durant le traité, aura pris bien soin de ne pas soulever la question, pour la raison désormais évidente que l'un comme l'autre pensait avoir en son pouvoir le jeune homme, et pensait à ce titre que l'autre n'était pas au courant.

La suite s'enchaîne d'une manière floue, même pour les Bieffois. Tyrosh, privée de son alliance et en perte de prestige, se fait attaquer par ses adversaires, d'abord par des complots puis par des actes de guerre larvée. Aemond débarque dans le Val et engage un conflit terrible, qui mobilise les forces de l'Ouest et du Conflans en grand nombre.

Dans ce contexte, les frères Allyrion font leur retour, à la tête de leur armée de fidèles et de quelques mercenaires, qui les avaient suivis en Essos. Obtenant très rapidement le soutien des seigneurs de l'est, ils marchent sans tarder, dans une chevauchée aux motifs évidents, vers les terres Ferboys. Teora toujours emprisonnée à la capitale, les Météores occupées, et le conflit avec lord Forrest, trahit, pointant le bout de son nez, les Dayne et Ferboys semblent en mauvaise posture. Mais ils réussissent néanmoins à lever une importante armée, réunissant les soutiens Wyl, Poulet et – surprise – Uller. De plus, à la faveur d'une négociation ou d'un hasard favorable, les Tyrell décident d'évacuer les Météores et les domaines contrôlés, ce qui laisse le temps à Gulian Dayne de lever le ban sur ses terres, ce qu'il ne pouvait faire tant que les garnisons Bieffoises les occupaient.

Mais cela ne suffira pas ; les deux osts se rencontrent après une marche rapide sur le lieu de leur première bataille décisive, les plateaux du Fléau. Durant la charge de cavalerie initiale, Mandric Allyrion piège Malvina Dayne et la tue ; s'ensuit une véritable boucherie, plusieurs milliers d'hommes perdant la vie, dont de nombreux grands seigneurs.


Continuité des conflits passés?

La chevauchée des Allyrion jusqu'à Ferboys débouche sur un siège qui se poursuit toujours aujourd'hui, et pose la question de la poursuite du conflit ; mais plus largement, la continuité du pouvoir Allyrion, si elle ne semble menacée ni par les voisins Bieffois ni par le Sire de la Tombe-du-Roy, pose des questions de forme. Difficile pour l'heure de prédire quel genre de dénouement connaîtront les familles du Conseil de Régence, mais on imagine sans peine qu'ils paieront au prix fort leurs erreurs, et que les noms de Dayne et de Ferboys n'occuperont plus de place importante en Westeros avant longtemps.

Plus largement, la question du rapport à un pouvoir royal demeuré passif et attentiste tout au long du conflit semble déterminant, s'il est avéré que les conseillers du Roi détiennent bien Doran Martell. On devine déjà l'importance des négociations qui seront menées dans le futur, et la manière dont les événements du Détroit peuvent encore influer sur les possibilités et les attentes des protagonistes.

La vérité demeure que la majorité des décisions et des objectifs sont inconnus du public comme des acteurs ; par le trop grand nombre de puissances impliqués, par la variabilité de leur détermination et leurs moyens, par la quantité d'acteurs individuels mal informés pouvant modifier la situation, et par l'importance et le nombre des facteurs toujours inconnu, toujours en développement. Reste seulement cette question que les seigneurs du Conflans ont très justement posé à leur propre effet : Qui régnera sur nous, en titre et en fait?