Tour 1 : Le Fer-prix du Free-market

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Retour du Tour de Planification - Maiwa

Rappel : INTERDICTION ABSOLUE DE LIRE UN SPOILER QUI NE VOUS EST PAS DESTINE. Si on a assez d'indice pour suspecter une triche, on hésitera pas à ban.

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Retour du Tour de Planification - Les Mers & Océans

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ressources des routes commerciales ce tour que vous pourrez acheter tour prochain:

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route de l'ancien empire du nord:

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Fin de tour - Maiwa

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Fin de tour - Les Mers & Océans

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Résolution : Bataille de Tahert

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Fin de tour - Baudrie

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LA ROUTE DE PIERRE ET LES LEVÉES DE L'ARROGANT

Enclave Baudride - Psammétique

Les colonnes de soldats en tuniques cramoisies, mal armés et mal vêtus, striaient les flancs de la montagne comme autant de charbons ardents sur un tas de cendre encore brûlant. Les hauteurs de Qualborg étaient atteignable par la région des collines, mais on gagnait presque quatre jours de marche en rejoignant le Val de Runde par un flanc de montagne que seuls les braves et les malchanceux de l’armée des Enclavés empruntaient. Les guerriers, ici, n’étaient qu’une bande d’agriculteurs, de chasseurs et de jeunes hommes des plaines de Nimic, il y a de cela quelques semaines à peine ; et quelques partisans venu des territoires riverains de la minable cité de Qualborg qui abritait les Enclavés.
Mais ils avaient désormais passé le rite ; ils avaient franchi les montagnes et les cols, parcourus les vallées caillouteuses revendiquées par les quelques seigneurs de guerre cruel qui les emmenaient, ils avaient passé divers rituels inutiles et sauvages, et enfin, ils avaient attaqué et brûlé sans la moindre pitié les caravanes de leur propre peuple Nimicien en aval du Cours Blanc. Le rite, passé en compagnie d’une poignée de seconds couteaux de la grande famille des Baudrics, avait été rapide et sanglant cette année là. La moitié des envoyés revenaient, et ils avaient tué beaucoup. Pour ce qui était du butin, le résultat était frugal, mais de toute manière, cela faisait longtemps que rares étaient les combattants à posséder de l’équipement convenable. La férocité de cette nouvelle génération d’asservis s’annonçait convenable pour les projets du chef de guerre, et ils rejoignaient le Père pour une mission qui sans nul doute s’annonçait sans pareille.

Celui ci campait avec une troupe de la même nature, serfs et tribaux des régions alentours, enrôlés et embrigadés, encadrés par quelques cohortes de bâtards et de guerriers du sang, mais curieusement assimilés et volontaires ; avec ceux là, un contingent des vétérans de l’âge du Père, eux aussi recrutés de force chez les ethnies alentours. Les générations se succédaient sans se poser de questions, et tous respectaient les coutumes et les armes de ce peuple Baudride qui, ne pouvant puiser dans son nombre la source de sa puissance fragile, la trouvait dans une sauvagerie innovante, une bellicosité chanceuse, et des pillages sanguinaires, facilités par la déchéance de ce monde.

Baudric Tête de Fer emmenait avec lui près de la moitié des guerriers libres de Qualborg sous les Pics Dhake il y avait une saison, et il revenait presque aussi fruste qu’il était parti, quoique ses rangs grossit de conscrits. Le vieux Carré, lui, au sud, avait fait meilleure battue, et ramenait des bordures des grands états voisins, quantité de laine, de menues bêtes et de captifs chêtifs, dont on saurait déterminer au mieux l’utilité. Son armée n’était pas bien plus glorieuse, et, renforcée des contingents qu’on venait de lever à Qualborg, elle comptait une dizaine de mentons glabres divers pour chaque barbu d’Enclavé. Plus au nord, les maraudeurs du Soudard - encore un oncle croulant mais redoutable - avaient rapporté un butin considérable pillé sur les grandes routes commerciales de l’Ancien Empire. Mais la moitié de l’artisanat ainsi volé était laissé inutile, faute de savoir quoi en faire, et au final, on se débrouillait plus facilement avec du primitif et du rouillé que du fini et du soigné ; et plutôt que de robustes armures en cuir, les redoutés contingents de l’Enclave arboraient des pelisses en laine de poulpon ou de grogrâne, ou des tuniques de tissu cramoisi.

La rumeur avait enflée, en tout cas ; sous les Pics Dhake, on avait failli se battre avec des Ikhti, et le Boutefeu, convoqué par Tête de Fer à Runde, non loin du champ de bataille qui n’a pas eu lieu, se demandait curieusement pourquoi ce chien de guerre n’avait pas cherché le combat cette fois ; on l’aurait connu capable de descendre sur un ennemi trois fois supérieurs en nombre, bien que cette expérience ne se soit jamais faite dans de telles proportions. Car c’était bien une véritable armée et non pas juste une bande de pillards vétérans qu’il emmenait avec lui ; et ses effectifs se gonflaient chaque jour de la piétaille bigarré dont la nature était exposée peu avant. Mais bien également de ces deux ou trois cent désormais redoutables accomplis, les Loups Enclavés, affamés de guerre véritable après le goût du sang que le Rite leur avait procuré.

Traversant plus vite que n’importe lequel de ces hommes trois fois plus jeune que lui le défilé étroit qui reliait le Val à Qualborg, l’interrogation progresse parmi les morceaux encore valide de la cervelle du vieux guerrier. Il se le disait à raison : pour que le Père de la Guerre ait convoqué du même coup les nouveaux guerriers et le vieux commandant qu’il était, peu après avoir choisi de rebrousser chemin face à l’ennemi, l’information devait être de taille.

Il lui fallut trois jours pour rejoindre le camp de guerre. Celui ci était négligément placé le bord de la rivière, visible de n’importe laquelle des monts alentours ; à l’ouest, les chaînes enneigées qui protégaient l’arrière pays Lilithide, et à l’est, les pics enneigés qui s’élevaient tristement au dessus de Qualborg. Se frayant un chemin au travers des visages familiers de guerriers barbus et de la masse apeurée des braconniers et des recrues, il trouva son chemin jusqu’à la haute tente surdécorée de son neveu, le Père de la Guerre. Celui ci discutait avec l’air grave, et c’était pourtant chose peu commune de le voir engager la conversation directement. Une douzaine de Baudric, dont l’Ogre et le Hâbleur, et surtout, son fils et sa femme, l’écoutaient raidement énoncer les mesures à prendre. Boutefeu se rendit compte que, malgré son talent et sa ruse, l’Arrogant (Tête de Fer, le Père de la Guerre, son neveu) n’avait jamais commandé d’aussi vastes armées d’un seul coup. Un brusque sursaut lui vint des tripes, comme un relent d’alcool et de mauvaises décisions mélangé à de la peur. La suite, il le devinait, allait chambouler pas mal de choses dans le monde fermé dans lequel il vivait depuis soixante ans. Mais il restait un coriace, et il ne pipa mot, se contentant de jauger son maître en attendant que celui ci s’exprime.

Le regard dur et froid, borné et quelque peu étroit d’esprit, aurait craquelé une statue de marbre juste par son intensité. Sa voix en évoquait toute la gravité.

- Boutefeu. Bonne chose. Tu iras commander les recrues pour la montée du camp.

- On part où? Il avait répondu sans s'émoir.

L'expression déterminée de chef de guerre, presque évidente, s’imposait là où un sourire carnassier eut mieux convenu à ce qui suivit. Là où tous voyaient un gros poisson, Tête de Fer pensait à une proie minable. Mais Boutefeu devina que l'information n'était pas anodine pour autant, et que peu importe si le prochain gibier n'était pas au goût du Père de la Guerre, les loups étaient affamés pour l'occasio,.

- Lors du raid sous les Pics Dhake, un éclaireur a trouvé une nouvelle voie vers le royaume Ikhti. Un col utilisé par les braconniers, sûrement, ou un sentier de chèvre ; peu importe. Il troue la montagne et débouche directement dans la Vallée, vers le Lac. Loin derrière les lignes défensives. Vers la cité.

Dans le tas de la vingtaine de barbus, pas un qui ne manquait d’afficher sa trogne la plus affreuse ; sourire de fauve dévoilant une machoire déformée, mine grave de vétéran sénile, regard cruel ou lubrique. Seul le Boutefeu et l’Arrogant n’exprimèrent rien d’obnubérant. Ils voyaient déjà plus loin que ça ; mais l’événement restait amusant, une coïncidence fameuse et qui annonçait de grands jours.

Boutefeu revoyait les centaines de conscrits, les vétérans avides, et la colonne de guerriers portant peau de loups et haches, piques, javelots. Plusieurs armées venaient d’être levées et allaient déferler sans crier gare sur les peuples d’Exeter qui avaient eu le malheur d’oublier les guerres anciennes.

Puis, ce dernier, lissant machinalement sa longue barbe sale et rocailleuse, révèla d’un sourire d’ogre une douzaine de dents en or et autant de chicots pourris par l’âge et la mauvaise eau-de-vie.

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