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 Lamarck - Vents de défaite

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Maitre Chêne
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Maitre Chêne


Messages : 266
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MessageSujet: Lamarck - Vents de défaite   Lamarck - Vents de défaite Icon_minitimeVen 27 Mar - 16:27

Vents de défaite


An 332, île de Lamarck, pointe occidentale



Les bouffées saumâtres du vent d’automne qui balayaient les plages de Lamarck faisaient se demander à Waymar Massey pourquoi diable Lucerys Velaryon portait une aussi longue chevelure, si ce n’était pour le panache de spectre que cela lui donnait, fréquemment rehaussé par son air vitreux et ses pourpoints Myriens – un sujet qu’il se rappela d’esquiver à tout prix devant le Conseil de Guerre qui allait advenir. La morosité de la défaite et les quelques hauts faits malgré tout accomplis rendaient les perdants hargneux, le peu qui était gagné étant de toute manière sujet à discussions. Waymar lui même avait, dans ses cales, un général aux muscles de taureaux et aux mains de charpentiers, dont la capture lui avait coûté quatre soldats courageux, et qu’il allait sans doute devoir défendre comme sa proie acquise personnellement. Le vertige des marches se confondit avec celui de l’ampleur de la tâche qui l’attendait.

Descendant depuis un chemin caillouteux une crête basse mais donnant l’impression de plonger vers les flots tumultueux du Goulet, le Bailli de Port-Réal, avec sa carrure droite et épaisse et la cape dorée qui s’agite au vent, doit donner un sacré air pour l’assemblée l’attendant en contrebas. Le chemin sinueux dévalant la crête amorce une croche en contrebas, qui amène à l’immense plage de galet qui, en continue, parfois éclatée par une saillie rocheuse énorme, constitue toute la longueur du littoral sud de Lamarck. Situé ici à l’extrême-ouest de l’île, le chemin descendait en fait de Château-Lamarck, cette masse sombre et tassée dont la pression morbide contamine jusqu’aux vents du Détroit qui balayent l’île pour s’engouffrer dans la Baie de la Néra. Plus bas, une grande plage de galets qui constituait les trois quarts de la face sud de l’île en ce point précis.

Après avoir marché au travers du gigantesque bloc de roche grise sur lequel est juché le sinistre château, et une fois que l’on emprunte le sentier rejoignant l’ouest de l’île, tout en prenant garde de ne pas déraper sur les marches humides, taillées directement dans le brisant ancien, qui depuis des siècles déjà n’est plus effrité par la marée, et dont les écailles de roches épaisses donnent l’allure d’un dragon ancien et endormi, on accède rapidement à une vue sans pareille. Les eaux de la Baie sont magnifiques dans leur couleur morne, mais quelque peu trompeuse, car la rigueur de l’atmosphère, ici, transmet toute sa charge de mélancolie à un décor qui, si on l’a fréquenté de plus près, se trouve bien plus coloré.

Au loin, la côte n’apparaît pas, mais des voiles éparses dessinent la vie riche de ce havre morne transformé par la famille Targaryen en l’une des plus riches croisées du Détroit, peu fameuse et très Andale, n’ayant pas la splendeur des climats d’Essos ni l’opulence esthétique des Cités Libres, mais conservant un peu de la grandeur des Valyriens, et, dans le rustique des Andals, une certaine noblesse d’âme.

Avant même d’obliquer en direction de la plage de galets, on a l’occasion, sur la droite, d’observer de haut la crique qui abrite une partie des voiles rapiécées de la flotte Lannister. Les escadres sont dispersées en de nombreux lieux, et ici, une douzaine de galères aux voilages laminés et au bois traumatisé patientaient, à peine dérangés par la brise.

Descendant les longues marches, Waymar détaillait de ses yeux le faste d’une quarantaine de hauts personnages et la longue suite de galères. La plage, qui s’étendait sur toute la longueur de cette partie de l’île, était surplombée quasiment à pic par l’épaisse falaise descendante sur laquelle était taillée le chemin qu’empruntait notre homme, mais on n’apercevait la plage que vers la fin, quand on tournait sur la gauche. Seules les hautes tours du châteaux dévoilaient ce littoral, qui était sans nul doute un des moins habités, car entièrement pierreux, et sur le front des plus hauts pitons rocheux de toute l’île. De l’autre coté de l’île, c’était Carène et les quelques bourgs en reconstruction qui étaient là.

Plus vertigineuse que la descente empruntée, qui ne cessait de devenir plus raide et plus interminable, la suite de navires presque échoués sur le rivage, à perte de vue, quatre vingt au total, de tailles diverses mais souvent impressionnantes, boutres et galères d’une armada défaite il y a dix jours de cela. Le voyage avait été long, beaucoup trop long, et les hommes n’en étaient que d’autant plus bouleversés. Le camp était une vaste blague, des tentes hâtives dressées à chaque endroit où l’on pouvait retirer les galets et à chaque creux sablé de la falaise, l’humidité remplaçant la dureté du sol caillouteux. Et puis, cette scène, des tentes blanches salies, des armes et des cageots, des tonneaux d’eau douce, des chariots de ravitaillement, des hommes trainant un peu partout, même dans des couleurs sobres, tout cela tranchait beaucoup avec ce paysage difficile.

Geste d’intelligence, l’état-major de la flotte s’était installé au milieu des hommes, à l’extrémité de la plage, afin de pouvoir alterner entre le camp, pour ne pas déserter la troupe, et le château, afin d’y rencontrer les dignitaires. Deux fois par jour, il fallait faire le chemin jusqu’en haut, pour rencontrer le Roi et ses proches, qui y siégaient encore. C’était la première chose rassurante à cet égard, que le Roi qui avait si promptement disparu après sa défaite de Dursol, avait choisi ce lieu dur et humide pour récupérer, plutôt que la forteresse plus confortable de Marée Haute.

On dévissait à voix haute, non loin de la troupe, de la continuité des opérations, et les habits fastueux, les armures ornementées et la morgue des grands personnages assis sur des tabourets à même d’une plage de galets gris, avait quelque chose de grandiose. On aurait pu dire ironique, pitoyable, mais c’était bien plutôt une vision pénétrante, qui donnait quelque crédits aux perdants.

Waymar s’approchant, il prit la mesure de l’autorité qu’il avait gagné sur la troupe à tous les regards qui s’appesantirent sur lui et ses quelques hommes. Il comptait, à vue de nez, une dizaine de membres de l’élite Tyroshii dont trois Archontes, quatre hauts dignitaires de la ville, tous vêtus plutôt militairement, deux diplomates, un chevalier Dornien et deux Ouestiens, Ser Tyrek Lannister et Ser Vylarr Lannister, quatre ou cinq espions et diplomates, l’astrologue de Daemian Tully, Qavo du Cèdre-Rouge, Marlak Boreï, Premier Capitaine, puis enfin une nuée de chevaliers d’importance, de capitaines prestigieux ou avisés, et quelques nobles faisant partie de la suite.

La voix de Stallaquo Pellaeon dominait l’assemblée de son timbre net, qui exprimait son expérience, mais son ouestrien un peu rocailleux détonait. Richement vêtu mais conservant quelque sobriété, il avait conservé un plastron de bronze aux coloris jaunes ocres et gris sombre, qui, sur sa toge violette-pourpre finement ornementées de lacis dorés, exprimait très justement la figure du patricien en armes. En ce moment même, il s’exprimait face à une poignée de capitaines Ouestriens qui suggéraient de se servir de l’île comme base pour appareiller.

- Si la Couronne ne songe pas à réagir, c’est à Port-Réal et non à Lamarck que nous devons nous rendre. Il serait folie d’attaquer seul ; nous sommes en sous-nombre et sous-armés.

La grosse voix de Marlak Boreï lui répondit dans un parler plus franc et sans doute plus marin ou en tout cas plus portuaire.

- Le Roi ne nous a rien répondu, et le Roi est ici même. Port-Réal ne nous accordera pas un navire de plus tant que Lucerys Velaryon dirige les affaires militaires, et sa seule préoccupation est Aemond Targaryen, que seuls notre Prince et les Lannister ont pourtant combattu avant qu’il ne débarque sur nos côtes. Nous devons reprendre l’assaut avant que l’adversaire ne s’installe.

Ce trait trop grossier lui valut plusieurs répliques acerbes de la part des capitaines royaux, et même le fantomatique Tyrek, qui n’était plus qu’un spectre encapé depuis sa noyade, sembla relever le museau – un museau bien moche, selon les quelques hommes qui l’avaient désencrouté de son armure calcinée, qu’il était sensé ne jamais quitter.

Waymar, lui, gardait moins de traces de la bataille, mais l’homme si dur et sévère, qui aurait en temps normal cloué le bec avec fracas du moindre impudent, observait la scène sans piper mot, alors que beaucoup semblaient attendre de lui une parole ou un souffle de moral. Il avait conscience de la gravité de la situation. Et il cherchait son souffle.

Le regard acéré de l’Archonte Dalaan Flowers scrutait la scène avec dépit, et son Ouestrien aux tournures cavalières n’en exprimait pas moins.

- Nous ne pouvons nous exposer deux fois par mois à affronter le même débat. Vous avez voulu attaquer, vous avez perdu, et si la fine fleur de notre flotte n’a rien pu faire, ce n’est pas à Port-Réal qu’on réglera l’affaire. Envoyons une ambassade à Braavos et une autre à Myr, et nous nous ferons fort d’obtenir des conditions avantageuses pour mettre fin à cette périlleuse entreprise.

Tout le monde sembla ignorer cette tournure pacifiste et éculée, et un autre membre du Conclave, dont l’oeil de verre jugeait méchamment les attendant s’exprima, Belys Dirrin.

- Eh bien c’est qu’il faut changer les chefs ! Confiez nous la direction de la flotte, et employez vous à trouver les fonds pour armer des voiles mercenaires. Depuis les côtes de l’Orage et du Bec, nous chasserons les parasites de nos eaux ! C’est en attestant de notre courage et de notre caractère que nous gagnerons l’aide des autres Cités.

Stallaquo laissa les flottements de la conversation remuer les idées déjà épuisées ; le silence de Massey et la morosité de Tyrek lui avait fait comprendre qu’il était d’ores et déjà le plus à même de diriger la conversation. Massey savait que ce qui allait être dit était un acte formidable et terrible de l’épopée guerrière qui se dessinait. Il avait, par les rumeurs de camp, par le sentiment de la troupe, par la défiance des archontes, par les contes ressassé de la dernière guerre, où encore une fois Westeros était intervenue tardivement, anticipé cette tournure déplaisante au vu de ses inclinaisons personnelles, mais entre toutes sans doute la plus justifiée qui soit, et peut être pas la plus cruelle au final.

- Nous aimons et respectons notre Roi Valarr, dont les ennemis sont les nôtres et dont la bravoure par une fois déjà nous a sauvé ; nous aimons et avons été quelques uns a avoir aidé et servi la Main du Roi Lucerys Velaryon. Mais quelle requête pouvons nous formuler qui ne soit pas oubliée ? Quelle preuve autre que nos blessures et notre peine pouvons nous apporter à ces hommes qui, loin des fracas du Détroit, semblent oublier le danger qui guette Tyrosh jusqu’à la dernière heure ? Le Trône doit intervenir contre Myr, contre Harloi, contre l’Orage, contre tous ceux qui innocemment ou avec de méchants desseins ont conspiré à la chute de notre Prince et notre Cité. C’est l’urgence et le nombre de nos bannières qui doit dicter, pour une fois, la raison du Trône et l’action de la Maison Royale. Notre place n’est pas à Lamarck à se morfondre, ni à Braavos pour bisbiller, ni à la Vesprée pour des assauts perdus d’avance. Nous avons perdu à Myrth car nos propres forces ont été paralysées par l’indécision, l’impréparation. Car nous n’étions point soutenu par une autorité ferme et juste, qui aurait fermé les ports des Sept Couronnes à nos ennemis à chaque assauts, qui aurait découragé leurs alliés d’attaquer, qui aurait maintenu la Flotte de Fer loyale au Trône. C’en est assez de cette passivité ! Rendons nous avec nos meilleures voiles et nos plus nobles commandants à Port-Réal, et réclamons au Trône de défendre son droit, de protéger ses vassaux. Tyrosh doit être sauvée !

« Il a bien dit » clamèrent de nombreuses voies, de Tyrosh ou de Port-Lannis ; et une approbation forte se dessinait jusque dans les rangs des pacifistes et des traumatisés, jusqu’à que la centaine d’hommes assemblés se mirent à reprendre ce même cri : « Tyrosh doit être sauvée ! »

La tirade, qui était tout sauf improvisée, avait tiré de Massey une grimace détestable. A demi-mot, et sans brusquer les moins radicaux, Stallaquo proposait non moins que de donner une leçon de pouvoir aux courtisans du Roi, et demandait la guerre ouverte avec les Volantains. On en conviendrait, l’idée était forte, quoique formulée déjà depuis longtemps, de manière inavouée. Mais elle allait remuer des têtes, et pas seulement à Port-Réal ; et encore faudrait-il ensuite assumer la conduite si discrètement proposée, qui sans nul doute allait mener encore trois ou quatre graves batailles du genre qu’on venait de perdre.

Le Bailli de Port-Réal allait revenir à ses devoirs d’origine. S’étant approché du cercle des grands nobles, et regardant le regard vitreux de certains capitaines, qui s’était mué pendant un bref instant en une férocité guerrière, il se dit que la suite était beaucoup plus imprévisible, passée l’étape de Port-Réal. Un port de passage pour une flotte puissante, bariolée et variée, qui gagnait peu à peu un esprit de corps. Le triomphe était il possible face à pareil adversaire ? Formulant cette pensée, il ne savait si il songeait, ce disant, aux courtisans du Donjon Rouge ou aux Triarques et leurs séides… Les uns comme les autres scintillaient d’une gloire vantarde et d’un empire sur ce monde ; et assurément, leur férocité n’allait pas épargner cette assemblée, qui, sur la plage, dévissait d’un futur qui en emporterait une bonne partie.
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