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 GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats

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Maitre Chêne
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MessageSujet: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 9 Sep - 14:06

Cette petite suite de textes humoristiques présente les aventures des "twenty good mens", la troupe d'Edmure Rivers, chargé de diverses bases besognes du Clan Tully. Mi-chronique mi-comique, ces quelques chapitres ont pour objectif de porter un regard teinté d'humour sur les événements marquants de la V1 du jeu GoT.

Chapitre 1, retour à Port Réal







Le camp de garde empestait d’une odeur doucement chiante quand je poussais le rideau pour entrer, suivi de Fureteuse et de Carreau. Si le soudard lysien qui servait de sentinelle trouilla un peu quand il vit les deux arbalétriers sans enseigne, l’entrée juste après d’un chevalier de la garde grise apaisât ses chausses d’une fuite d’eau inutile ; les couillons et leurs manteaux avaient souvent cet effet. Du coup, on avait un peu l’air de sbire, avec nos sales gueules, nos braies mal lacées et nos armures rouillées. Mais faut pas s’y tromper, c’était pas qu’on l’escortait ou même qu’il nous guidait ; c’était juste notre putain de passe-partout. Dans cette ville puante, avoir un insigne de la Main du Roi ça vous suffisait à foutre les pétoches à n’importe quel bouseux, à tel point que ça devenait plus sur d’avoir un de ces chevaliers ratés qu’une escorte complète de manteaux d’or avec vous. Et puis, pour tout dire, y’a guère que Jacasse qu’était familier de Port Réal dans la bande, et lui on va pas non plus se le taper toute la journée. Pour le reste, s’agissait juste de retrouver Croqueur avant qu’il ne nous foute un barouf pas possible. Pas qu’il soit le sergent le mieux foutu de la bande, ni le plus essentiel, mais bon, il avait l’alcool mauvais, et mieux valait s’éviter une entorse à recoudre des morceaux de badaud si quelqu’un avait la mauvaise idée de le réveiller pour lui faire payer une note probablement très salée. Il avait ses moments d’absences, des putains de gros trous, même ; mais quand il s’agissait de débourser sa cuivraille, même un béquillard professionnel pourrait pas lui faire régurgiter le souvenir d’une quelconque dette.

Le problème, c’est que ce couillon était allé finir son coup au milieu du camp des Braaviens en stationnement. Alors nous, quand on l’a su, on a fait profil bas ; mais bon, quand Magret a vu toute une escouade de manteaux d’or qui sortaient de leur jargotte de Culpucier pour se précipiter avec leur lieutenant vers la Gadoue, il nous a tiré les vers du nez, même si ça avait rien à voir, et avec sa touche d’humour à lui, a décidé qu’on serait les plus à même d’aller tirer l’idiot de son pétrin.

Alors nous voilà au milieu d’une troupe miteuse d’épées à louer, de tueurs reconvertis, de brigands en puissance, et au milieu de ça, qui sait, peut être quelques honnêtes Braaviens dans la garde du banquier. Car oui, je ne parle pas de notre troupe à nous, pour une fois, mais bien de celle d’un éminent compte-piécettes de Braavos qui s’invitait au tournoi de la Main du Roi pour régaler notre aimable suzerain de quelques lamentations quant au retour des dettes de la Couronne. Va savoir pourquoi il était entouré d'une pareille troupes de tranche-montagnes. Ce serait en tout cas assez mal vu si notre copain leur cassait les dents.

On fonçât en ligne droite sur la tente du banquier en question, bousculant un ou deux des hommes d’armes Tully affichés à sa garde et en s’attirant les regards interloqués des marins de la Banque de Fer. Écarter les troufions n’était pas trop dur avec notre copain et son joli manteau ; le gars en question, lui, se pavanait l’air bravache, comme tous ses copains de la garde, mais nous, on était pas dupe. Une assemblée de chevaliers-truands, d’écuyers pauvrets et de francs coureurs en quête de minette ; voilà ce qui avait formé, il y a quelques mois, les premiers effectifs de la Garde Grise. Rien de bien rafraîchissant pour des égorgeurs de première comme nous, mais les voir faire les fiers, c’était comique trois fois et soûlant à la quatrième. En parlant de soûler, l’ouverture de la tente n’eut rien de bien étonnant, de ce côté.

Notre gars, petit, harnaché dans son baudrier qu’il avait probablement pas réussi à enlever, ses cheveux châtains courts salis par quelques traces de boues, de nourriture mâchée et sanglé autant par l’étrange mixture que par un alcool douteux, les yeux burinés, et du vomi dans son casque posé à ses pieds.

- Miracle, il est debout ! m’exclamais je, avec la satisfaction étrange d’entrevoir son air moribond.
Ce fut le banquier qui nous éclaira sur l’insoupçonnée capacité du nabot à se tenir droit ; « On lui a mit la tête dans l’eau et on lui a fait boire une décoction qu’un de vos amis nous a conseillé ».

- Vos ami ?

- Un dénommé Prêteur. Vieil homme, sympathique, qui se présenta comme votre médecin attitré.

L’air désolé que je lui présentait dut lui faire comprendre qu’il y avait anguille sous roche ; et ceci expliquait pour le moins la tronche que tirait le sergent. J’ignorais ce que le « médecin » de la troupe lui avait fait boire, mais ça ne devait pas avoir bon goût, compte tenu de l’amitié douteuse entre ces deux là. Quand la tente s’ouvrit une seconde fois pour laisser passer un vieil homme, avec un reste de carrure militaire et un pourpoint vert et or, simple mais beau, l’expression de pure haine que nous afficha Croqueur me laissa pantois ; heureusement, Carreau réagit à temps et intercepta l’officier qui se jeta sur le médecin de camp avec un hurlement ; « Du foie de morue au vinaigre, fils de truie, du foie de morue au vinaigre qu’il m’a fait boire ! ». Esquivant un casque plein d’un vomi dont on comprenait mieux l’origine, le vieil homme laissa entrapercevoir l’air amusé qu’il nous décernait.

- Vous étiez tout seul avec lui quand il a prit sa cuite ? lui demandais-je.

- Oh, non, Taquin, Epingle et Charbon étaient avec nous. Mais après qu’il les ait lessivé aux cartes, il a trop bu, est tombé raide, et ils ont décidé de relancer avec ses économies. Quand il s’est réveillé, il a pas apprécié, et ils lui ont foutu une telle taloche sur le crâne qu’il est retombé raide.

Probablement que c’était le troisième du lot qui lui avait mit son compte, pensais je ; grand (et fort) de huit pieds, il vous brisait une nuque d’un air ennuyé quand l’envie lui en prenait. Ses cheveux noirs, longs, sa voix pointue et son air endimanché en faisait un compagnon de beuverie agréable, et un garde-chiourme des plus utiles quand quelqu'un forçait sur le bouchon. Malgré sa taille, Croqueur encaissait très bien, et il rendait les coups au double. Sobre, il ne manquait pas de technique ; il avait du prendre une cuite sévère pour se retrouver dans un état pareil, car même Charbon avait du mal à l’assommer ; et pourtant, avec ses grandes paluches, il vous aplatissait au sol en deux mouvements.

- Bon, on se tire, on avisera ensuite.  

La phrase plut visiblement au banquier, plutôt pressé de voir partir ces visiteurs impromptus ; Croqueur, de son côté, semblait s’être calmé. Orageois ou pas, c’était plus dans sa spontanéité et sa rancune qu’on lui reconnaissait le trait propre aux gens de sa région ; les taquineries entre lui et Prêteur pouvaient s’appesantir sur des semaines avant une revanche bien placée. Ce n’était que parti remise, donc.

Carreau nous attendait à la sortie du camp, visiblement plutôt content, lui qui affichait d’habitude une sorte d’expression incompréhensible définissant à elle seule son personnage. Il avait troqué son arbalète pour un drôle de joujou qui ne semblait pas purement myrien, mais en avait le niveau de raffinement.
- C’est quoi, ça ?
- Un cho-ku-no.


Dernière édition par Maitre Chêne le Mar 28 Aoû - 13:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 9 Sep - 16:44

Chapitre 1, seconde partie



Notre route nous mena jusqu’à la porte de la gadoue, ou régnait une drôle d’agitation. Fendant la foule de notre précieuse escorte ; Jean Michel le garde gris ; on entraperçut, de l’autre côté, un cordon de manteaux dorés qui semblaient occupés à maintenir la foule au plus loin. Les jouxtant, deux ou trois spadassins et un homme courtaud habillé d’une riche cape grise contemplaient quelque chose invisible à notre vue, caché par la muraille entre nous, probablement en haut de la Porte. Franchissant l’endroit susnommé, le manteau gris ouvrit la marche et s’avança jusqu’à l’homme en question, et lâcha un ridicule « Au nom de la Main du Roi, que se passe t-il ? ». Son expression de fierté débile se mua, sans équivoque, en de la honte absolue quand se retourna Jonos Tully, qui le dévisagea de son visage de pierre. Un rire gras s’échappa du Croqueur et j’esquissais un petit sourire. Ignorant totalement son interlocuteur premier, le puiné de Vivesaigue s’adressa à moi :

- Merle, c’est cela ? Êtes vous ici sur ordre de mon neveu ?

Grognant mentalement à entendre mon vrai prénom en lieu et place de mon dénominatif quotidien, j’adoptais ma posture la plus courtoise, qui tranchait trop grotesquement avec ma tenue bigarrée pour qu’on y croit.

- Non, Messire. Edmure est occupé par des affaires urgentes, et notre troupe se trouve pour ainsi dire sur le repos pour le temps de son voyage à Port Réal.

Je lus dans la lueur malicieuse de l’intriguant qu’il allait me sous-traiter je ne sais quelle affaire putride et regrettais instantanément de ne pas avoir inventé une faribole de mon cru ; conteur, j’étais, et menteur, je demeure.

- Bien. Vous êtes donc disponible pour une menue tâche mobilisant votre connaissance du terrain, je suppose ?

Je déglutis. Trop tard pour tenter de le tromper ; j’acquiesçais d’un air servile.

- Parfait, en ce cas ! Je vous charge de vous appesantir sur ceci, dit il en désignant le haut de la poterne. Je me retournais vivement, un peu bêtement, et comprit qu’il regardait non pas la ronde de garde, mais bien le mur ; un homme y gisait, crucifié, les bras horriblement tordus par les clous qui y étaient plantés.

- Attendez, cette intrigue n’a aucun sens. Comment quelqu’un a t-il pu être tué ici même, sur une porte gardée à toute heure, à une hauteur bien trop improbable ? Et puis pourquoi vous interrogez pas simplement les habitants des maisons riveraines ? Je sais que c’est pas le moment pour un mea culpa du MJ, mais bordel c’est merdique comme intro, et puis….

- Si je dois repeindre le quatrième mur c’est avec ton sang.

- Ok on y va tout de suite.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 9 Sep - 17:29

Chapitre 1, partie 3

C’est donc ainsi qu’on se mit en quête des mystérieux assassins Feunoyr d’un pauvre homme d’arme Tyrell. La ville, bondée de soldat, ne devait pas manquer de troufions à massacrer ; mais ça, quand même, c’était du travail d’orfèvre, une réelle raffinerie dans le meurtre, un art de la décoration, quoiqu’un peu morbide. Quand même, on avait quelques documents ; Galbart Sombrelyn avait été aperçu en ville, une mystérieuse Guilde des Voleurs faisait son apogée, et notre croquemitaine avait frappé à plusieurs endroits à la fois. Peu probable, donc, que le gars soit seul ; on se décida donc à chercher du côté de la Guilde. Les Feunoyr étaient un peu trop surveillés et un peu trop en voie de disparition, selon nous. Et puis, la Guilde, elle est dans le quartier des tavernes...

On se dirigea donc vers Culpucier pour faire bonne mesure, prétextant intérieurement qu’il y avait plus de malandrins dans ce coin là, et la première gargote à vue fut prise pour cible par notre troupe assoiffée. La salle était grande, mal éclairée, un mélange diffus de crasse, de résidus d’alcool renversé et de poussière nous foulait au pied. S’asseyant au centre de la salle, on commanda quatre bière, et Croqueur s’absenta pour aller « chercher les trois corniauds » qu’il avait dit il laissé dans le coin, ce que Prêteur ne confirma pas. Probable que la cuite ne lui donnait pas envie de se gonfler de suite. Quelques bandes éparses de râcle-sol, des figurants pour bagarre de taverne et des marins en mal de terre se partageaient la place. Aussitôt assis, Fureteuse se mit à huiler son arbalète, et Carreau commença a astiquer son machin à lui. On lui fit remarquer qu’il pouvait poser l’arbalète avant, ce qu’il fit.

- Et comment elle fonctionne, du coup, l’arme que t’as trouvé dans le camp ?

- Je l’ai pas trouvé, je l’ai piquée à un mec qui ronflait. C’est comme une arbalète, sauf que ça peut tirer deux coups sans recharger.

- Ah, c’est un chu-ko-nu ! dit Prêteur.

- Nan, un cho-ku-no.

Je laissais la phrase en suspens, me fichant bien de connaître les détails dactylographiques de ce machin ; un petit groupe au fond semblait avoir attiré l’attention de Fureteuse. Si elle était assez disciplinée et qu’elle visait plutôt bien, se trimbaler cette fille dans l’équipe n’était pas toujours à mon gout ; elle avait une forme d’avarice assez poussive, du style "je t'arrache ta dent en or en plein repas pour un prétexte quelconque"  et elle s’arrangeait toujours pour piquer des trucs à quelqu’un. Elle se démmerdait ensuite pour transformer toutes les merdes qu’elle volait en liquidités, qu’elle transférait ensuite à Vivesaigue, bien en sécurité dans son coffre personnel. Une grippe-sous de première, qui ne lâchait jamais l’affaire quand il s’agissait de son fric, et lâchait très vite la détente quand il s’agissait de celui de quelqu’un d’autre.

Mais son zèle compensait les idées de merde de Carreau, qui, lui, avait d’excellents yeux pour tirer, et l'intelligence d'un cheval autiste sous méthamphétamine quand il s'agissait de dresser des plans. Sa notion carrée des chiffres compensait son incompréhension totale de la notion de temporalité, mais pas son impossibilité totale à différencier une troupe de dix hommes en armes et une bande de paysans ; ce qui avait déjà couté la vie à une demi douzaine de nos hommes. Et puis bon, j’aurais bien dit qu’un brin de féminité enjolivait un peu cette troupe de barbares, mais en terme de brutalité, elle foutait les pétoches même aux plus endurcis, et avait aussi peu de scrupules que Carreau avait de plans réussis. Le drille avait été officier à une époque, pour tout dire, mais ça n’a pas vraiment été super fructueux ; après une douzaine d’hommes et le triple en dragons d’or de perdus, on l’a remplacé par Croqueur, et l’humilité de l’arbalétrier, une de ses grandes qualités, l’avait maintenu dans la bande.

Et donc, sur cette envolée dactylographique, je retourne à notre sujet phare, celui qui nous donne l’occasion d’avoir quelques brises de présentation, un souffle de personnages, et surtout une turbulence scénaristique ; les quelques marauds qu’elle reluque, ils sont tout sauf friqués. Si elle n’en veut pas à leur attirail, c’est qu’il y a un truc louche dans l’air.

Je n’eut pas le temps d’approfondir ces réflexions ; la porte claqua, et une forme massive pénétra dans le petit bâtiment, suivi d’un Croqueur qui trottinait pour suivre le rythme. Charbon nous apostropha d’un « Mais qui’qu’c’est que l’pitaine qu’voilà ! Viens t’en qu’on s’boive’un pichet ! ». Il était ivre, ou bien était ce la une manifestation normale de son état ? Je ne saurais le dire, je ne l'avais jamais vu ivre avant. Les reluqueurs semblaient l’avoir bien en vue, et le fait qu’il ait prononcé mon grade n’aidait pas vraiment ; ils se mettaient sur le départ. Je réfléchis à toute vitesse. Les Feunoyr étaient des dissidents rodés, entrainés, qui luttaient dans la ville depuis plusieurs années. Ceux là, ils manquaient du tact élémentaire de tout bon maraud, à savoir passer pour un corniaud insignifiant. Il fallait les arrimer aussi sec, sans quoi ils allaient se faire la malle. J’attendais un instant en les regardant du coin de l’œil, et je compris que Fureteuse avait saisis la manœuvre. Ils commençaient à se diriger vers derrière le comptoir ; aussitôt, je compris que l’aubergiste était de leur bande, sinon de leurs amis ; j’allais les arrêter net, quand un élan d’affection sauvage m’étreignit les poumons au point de me les vider ; c’était ce cher Charbon qui me témoignait de son affection imbibée par une étreinte nommée « Câlin » qu’un catcheur professionnel aurait pu décorer de je ne sais quel titre bien plus seyant à la prise, genre, "Gorilla Arm Press" ou "Neckbuste".

Cela suffit à faire détaler d’angoisse et d’opportunisme les couillons ; plus que leur départ, je craignais une improvisation de Carreau au vu de ma situation rendant impossible tout ordre précis. Il me regarda dans les yeux, et j'y lu comme dans un livre : interprétation mauvaise des intentions de chaque camp, vision erronée des rapports de force, lecture incorrecte de mes intentions, intention irrecevable de leur décocher un putain de carreau dans la tronche, comme si, dans son esprit complexement benêt, il considérait cela comme un ordre direct de son supérieur, qu'il aurait lu dans mes yeux agonisants tandis qu'un dépendeur d'andouilles de deux cent kilos m'infligeait une étreinte mortelle qui faisait s'échapper mes derniers souffles de vie de mon corps brisé comme on aurait vidé une poche à urine avant de la jeter. Son nom, il le tenait pas que de son arbalète, mais aussi de ce qu’il en faisait.

Il tira et il les loupa. Pas trop bravache, les couillons pilèrent net et levèrent les mains. Deux ou trois semblaient se pisser dessus de trouille, mais un d’entre eux, suffisamment crétin ou maitre de soi, annonça qu’ils ne nous voulaient aucun mal et ne faisaient rien de suspect. Carreau leur répondit qu’ils avaient de la chance de ne nous vouloir aucun mal, sans quoi il aurait tiré dans la tête et pas dans le mur - on y croit. Un gars gloussa et fit une plaisanterie. Il gloussa à nouveau quand Carreau brandit son arme vers lui. « L’est pas chargé, ton ‘rbalète, t’as d’jà tiré ». Il enclencha un truc et tira sur un bidule ; une détente, et le débile gloussait à nouveau, mais cette fois avec une flèche dans la gorge, ce qui enrichit étrangement son rire d'un bruit métallique. Carreau commença à recharger son arme tandis que le gars s'étouffait dans son sang en grognant. Le bavard du premier coup reprit sans s’en soucier, alors que je reprenais mon souffle.

- On est pas des fouines-merdes, hein. On pensait juste que vous bossiez pour les Feunoyr ou pour un clan rival. Vous êtes des gars de la Main ?

Je grinçais que oui, et il me dit que ça semblait évident maintenant qu'on avait trucidé un de ses sbires.

- Bref, votre patron et le notre on comme qui dirait une alliance de circonstance.

- Comme ça vous arrange, d'un coup... Vous êtes pas aux ordres du couillon de Cendregué, vous ? Je doute très fortement que le Lord de Vivesaigue soit très copain avec un Biefois, mais ça expliquerait au moins votre changement de camp soudain.

- Plus maintenant. Cendregué a cherché à revoir son allégeance et ils l’ont foutu en procès. On n’est pas prêt d’entendre parler de lui à nouveau. Par contre, les Feunoyr, eux, on est pas vraiment copain-copain avec eux. Seulement, c’est pas toujours très prudent de traiter avec les mecs comme vous, donc…
Je jetais un regard au cadavre de son sous fifre.
… donc on s’était dit que dévisser des seconds couteaux aux ordres du bâtard serait un peu plus facile. D’autant plus qu’on vous a vu discutailler avec Jonos. Le marché est assez simple, vous nous foutez la paix et on vous file quelques noms et quelques adresses… ça vous va ?

On acquiesça, bien conscient que ce ressort impromptu de la situation était simplement là pour nous donner plus de largesses scénaristique afin de mettre en œuvre des événements un peu plus essentiel. Dans la liste des quelques noms donnés par Cape, notre désormais contact au sein de la Guilde, un détonnait plus que les autres ; outre quelques capitaines et des membres secondaire de la famille Velaryon, Galbart Sombrelyn logeait pépère dans une gargote de la Colline de Rhaenya. On trottina tranquillement après avoir grignoté un coup, pas trop inquiet de la suite.


La ville empestait d’une odeur soufreuse, reliquat de l’état de siège qu’elle avait connu dix mois plus tôt. Pour tout dire, la dernière fois qu’on avait foutu les pieds ici, on avait du castagner au travers de lignes de siège pour entrer, et ce même une fois à l’intérieur ; les Trois Ours avaient pour ainsi dire bâclé le travail en ouvrant en deux le gros des Feunoyr, car le reste s’était éparpillé en ville. Le problème était aujourd’hui un peu moins épineux, mais bon sang que c’était chiant ces opérations de traque. Fureteuse semblait s’en accommoder, Prêteur s’en fichait comme d’une guigne, et Carreau faisait ce qu’on lui demandait. Charbon et Croqueur trainaient des pieds, autant pour la cuite que pour l’ennui qu’ils tiraient d’être dans cette ville puante. On arriva finalement à l’auberge indiquée.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 9 Sep - 17:41

Pour une gargote, c’était de loin une des moins dégeu qu’on ait vu. Par là, j’entends pas qu’elle était tout à fait propre ; à Port Réal, y’a des traditions. Mais quand même, ça dépaysait un peu de tous ces expédients rollesques dans des caves miteuses. Seul souci, on n’arrivait pas seul, vu qu’en bas de la route, on voyait toute une escouade de gens d’armes Martell. Pour tout dire, dans l’affaire, Dorne et le Conflans connaissaient une certaine complicité dans leur opposition aux Feunoyr. Quand bien même, une rivalité de mesure s’affichait entre vainqueurs, et notamment au niveau de l’espionnage ; pour avoir son propre réseau, Harwyn avait pas fignolé dans les détails, et y’a quelques cadavres basanés qui ne répondaient pas des œuvres Feunoyr seules… Enfin en tout cas pas officiellement.

Pour ainsi dire, on ne s’attendait pas à la toute première amitié de la part des gars qui remontaient la rue. On ne comptait pas non plus filer doux, donc, pour faire bonne mesure, on est entré en bousculant un coup. La salle répondait bien à la devanture, et s’enorgueillait en plus d’avoir une terrasse intérieure. Pour une mission de capture, c’en était pas une dure. En inspectant vite fait la salle, pas de signe d’un seul des partisans mal gaulés de Vaella. C’était même carrément vide. L’aubergiste nous dévissa pas particulièrement méchamment, donc pour faire bonne mesure, j’envoyais Prêteur et Fureteuse à la porte arrière, nonobstobant toutes les bonnes manières. Carreau fermât la porte à clé, déclenchant l’inquiétude des clients, et renversa une table pour se foutre en sentinelle derrière. Je ne prit pas la peine de calmer les badauds, que j’entonnais d’une voix d’officier : « Galbart Sombrelyn, rends toi au nom de la Main du Roi ! ». Ce qui était probablement un mouchard décolla immédiatement de son siège à l’étage pour foncer vers les chambres, à l’arrière du bâtiment. Manque de bol pour lui, l’escalier d’entrée était en hauteur, et Fureteuse lui conféra un certain élan en lui fichant un tir dans les côtes.

Croqueur avec moi, on fonça ni une ni deux vers l’étage. L’introspection ne fut pas nécessaire ; une porte s’ouvrit à la volée devant nous au moment ou on arrivait en haut, et trois chevaliers mal équipés nous chargèrent. Mauvaise idée. Croqueur passa sous l’épée du premier, lui trancha les guiboles comme un poulet, et l’égorgea dès qu’il chuta ; le second lui donna un coup de bouclier, mais le sergent le sentit à peine, et lui arracha négligemment le bout de bois des mains, pour le frapper avec en gueulant des injures de charron. Je ferraillais vite fait le troisième, et en quatre coups, il avait un bout de métal dans les jarrets. En bas, un mec cherchait à se carapater par derrière, mais un bruit de lutte indiquait que nos deux sbires étaient pas d’accord.

On descendit les rejoindre, et c’était ficelé comme il fallait ; un gars assommé, avec le teint altier, les cheveux auburn, une armure avec blason blanc, et Charbon qui faisait le fier comme un chasseur posant avec sa proie. Je lâchais un petit compliment :  « Beau boulot, les troufions. Maintenant, on ramène ce petit couillon à… » La porte fit un drôle de bruit. Je rentrais à nouveau dans la salle principale pour voir Carreau courir vers moi et la porte qui jaillissait en éclat derrière. Des uniformes oranges avec le blason Martell ; des arcs, des épées et des dagues au clair ; les clients terrifiés un peu partout ; j’analysais, il fallait se barrer. « Galbart Sombrelyn, rends toi au nom de la Princesse de Dorne ! ». La vue de trois hommes en arme au milieu de la pièce sembla source de mésinterprétation pour les hommes Martell ; ils ont très certainement eu l'intuition pendant un infime instant qu'on était dans le mauvais camp ; intuition qui se transforma en certitude quand Carreau agraffa au mur la cervelle du premier mec a être entré d'un tir.

De mon côté, je pestais contre la célérité des hommes de main de la Maitresse des Chuchoteurs, et la bêtise profonde de mon sous fifre. Bêtement, une flèche vient faire chuter de manière ridicule un tabouret à trois pieds de nous. Je fus satisfait de me dire qu’au moins, nous n’étions pas les seuls à avoir des gars manquant de talent  ; mais voyant la demi douzaine d’hommes d’armes qui se pressaient derrière l'aventureux archer, on décampa à toute vitesse. Charbon prit sous le bras le prisonnier, et on se fit la malle par derrière. Dans la bâtisse, j’entendais des cris diffus « Il fuit par la fenêtre ! », « Ils fuient par derrière ! ». Allons bons. Quelques spadassins aventureux tentèrent de se jeter à notre poursuite. Mais la rue de derrière, sombre, puante et pas bien large, n’offrait pas vraiment l’avantage aux joueurs d’épée ; un, deux, puis trois hères vinrent se faire épingler la tronche d'un carreau par Fureteuse avant qu’ils ne se décident à attendre un peu avant d'entrer dans une ruelle visiblement si mal fréquentée.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 9 Sep - 17:56

Le retour au camp fut pour le moins glorieux. Essoufflés mais ragaillardis par un succès aussi rapide, on franchit la Porte du Roi en fin de soirée, après avoir semé les rares poursuivants lancés à notre poursuite ; pour la première fois, je regrettais quelque peu d’avoir abandonné le manteau gris dans la première taverne. Une fois arrivé, le crépuscule pointait. Tous les corniauds étaient au camp, sauf Taquin, Epingle et Surin. La petite troupe qu’on formait avait été reléguée au coin le plus sombre du camp des armées Tully présente sur place ; il fallait être discret. Mais on disposait d’un bon aloi, et c’était tranquille. Fugacement, Magret, l’adjudant de la troupe, se précipita vers nous. Son accueil fut presque amical ; peut être était il heureux de voir de retour les seules personnes à peu près normales de la troupe. C’est avec grand plaisir et triomphe que je lui présentais le prisonnier.

- On a choppé Galbart Sombrelyn dans une taverne miteuse du côté de la colline Rhaenys ; c’est les gars de la Guilde qui nous ont rencardés, et Jonos qui nous avait missionné. L’officier me dévisagea avec un drôle d’air, proche de la déférence.

- Et pourquoi vous l’avez ramené ici et pas au Donjon ?

- On a escarpés quelques soudards Martell qui avaient visiblement la même piste. Ils pensent probablement qu’on est du même cru que ce corniaud, mais le cadavre qu’on a laissés emballé leur mettront la puce à l’oreille.

- C’est réellement au dessus de vos facultés d’imagination de tirer dans la jambe plutôt que dans la tête ? Je ne sais pas à quel point vous êtes experts en anatomie, mais une des deux parties est autrement plus sensible que l’autre.

Sans prendre un air trop penaud, je lui rétorquais qu’il valait autant éviter de se faire gauler par les concurrents, et qu’au moins, ça nous évitait des coupures inutiles. Puis, je laissais une remarque homophobe déplacée ainsi qu'une remarque sur le fait que "le canard violet sur fond rose c'est un peux exagéré comme héraldique militaire" et cela acheva le débat.

Mon interlocuteur prit un air légèrement satisfait malgré ses jérémiades ; il aimait bien en rajouter un peu pour souligner sa subtilité à lui. On fit venir le prisonnier, et on se mit d’accord avec Magret pour repartir directement vers le Donjon Rouge plus ou moins incognito, présenter directement la prise au grand patron. Couvert sous un voile dans une charrette sur laquelle on fit monter Mariole et Fluet, deux piquiers de bonne gueule, avec moi qui conduisait – ma trogne inspirait rien, autant que je m’y colle – et Magret à cheval pour se pavaner en armure. Outre la discrétion de mise, ça nous évitait qu’on pose trop de question, l’adjudant étant en quelque sorte une petite pointure. La prise se débattit un peu sur le chemin, mais l’heure tardive fit son boulot, et on était très vite en vue du Donjon Rouge.

***

Le chemin fut court, mais chiant ; les deux porte-lance bavassèrent longuement de formes de gouvernement, d’esprit paysan et de catins aux yeux bridés. Non que Magret ne les eut pas rejoint avec plaisir, les deux seaux à caca étant parmi les seuls capable de monter une discussion qu’il estimait, mais il se sentit de son côté obligé de rabâcher avec ses sempiternelles plaintes quant à l’état des latrines, le stock de blé et les réserves en petite monnaie. Ces maths d’intendant n’étaient pas vraiment pour me plaire, et je lui décernais ma plus belle face de blasé ; mais cela ne sembla pas décourager le comptable, et je me demande si il ne le prit pas pour une tentative de séduction vu l’entrain qu’il mit ensuite à m’asséner ses conneries. Franchir le Donjon Rouge fut presque un soulagement. On grimpa les étages pour être reçu dans la Tour de la Main, avec le chevalier félon sur l’épaule comme un sac à patate. Il semblait avoir fait un sort à sa condition, et fort probable qu’il espérait qu’on soit là pour le rançonner.

Voir la trogne bien arrangée d’Edmure Rivers fut un réel soulagement quand on perçut l’air désolé – qui m’interloqua grandement – d’Epingle qui était avec lui. Epingle, c’était l’archer chef de la compagnie, et pour ma part, probablement le pire tireur que je connaisse. Il avait une habilité fantastique à toujours maximiser les résultats de ce qu’il entreprenait, que ce soit dans l’échec ou dans la réussite. On le voyait tantôt vous aligner quatre gars en armure de plate avec trois flèches, et d’autres fois rater une mule à cinq mètres - considérant que la mule est en fait Croqueur, je doute de toute façon que Epingle soit capable de faire la différence. Il disposait d’un certain esprit d’initiative et d’un ordre des priorités qui en faisait un sergent de qualité, mais il avait parfois des idées fustiges qui ressemblaient plus à un plan de Carreau que d’Harwyn Tully. Sa soif permanence d’action et d’éclat en faisait un soldat volontaire, mais aussi un requin de première, qui se jetait à l’eau dès qu’il sentait une goutte de sang, et une fois le Facteur Epingle appliqué, il avait tôt fait de rendre critique une situation qui était généreuse jusque là. Sa qualité essentielle en tant que sergent, c’était son talent diplomatique, que seul Magret pouvait proprement égaler quand il s’agissait de faire passer un plan puant pour une idée de génie ; en bref, pour disposer un étron puant sur un joli coussin doré.

Sans nous prêter plus attention, l’Epingle se retourna et continua à dévisser avec son interlocuteur à l’autre bout de la table. L’homme était grand, impressionnant, transpirant d’un charisme sauvage derrière un air un peu normal, un peu Tully ; cheveux mal soignés, cicatrices furtives, nez ferme mais solide, yeux pénétrants d’un analyste… Ce n’est qu’en entendant la servilité inhabituelle qui tentait la voix d’Epingle que je comprenais à qui j’avais à faire ; Harwyn Tully, Main du Roi des Sept Couronnes, Sire de Vivesaigue et baiseur de mamans.
«  On était simplement sur la trace de nos collègues quand les Martell sortaient de l’auberge. Un grand gars avec une hallebarde s’adressait à l’officier avec une sorte de supériorité tactice mais pas hiérarchique. Comme j’ai une tête de Dornien, ils n’ont pas fait attention quand je suis passé à côté, et je l’ai très clairement entendu dire "qu’ils avaient Galbart Sombrelyn". On n’a pas eu le temps de voir l’intérieur, mais après qu’on se soit éloigné, on les a vu déballer des cadavres. Probable qu’ils ont fait de même pour le gosse Velaryon… »

Une grande satisfaction s’empara de moi ; Magret, à ma droite, avait le regard qui passait d’Epingle à notre prisonnier, confus. Mais on avait le bon, nous, et les Martell s’en mordraient les doigts ! Nous accordant un peu d’attention, Edmure se tourna vers nous. Il parlait avec un ton bien plus posé qu’à l’ordinaire.

- Merle. Qui est ce que vous transportez ?

Mécaniquement, je répondais avec une sorte de satisfaction, ressortant laconiquement le discours que j’avais mâché avant de venir mais sans trop y croire : « C’est Galbart Sombrelyn, on l’a capturé dans une auberge sur indication de la guilde des voleurs, et on vous le livre. »

Je le désignais du doigt avec une fierté certaine, sachant avoir le bon glandu dans mon sac. Et ce faisant, je retirais le sac en question, lui enlevais son bâillon, et découvrait ce jeune idiot d’aristocrate, empaneillé dans son armure et son tabard, l’air hagard.

Harwyn, sans bouger un sourcil, les mains vissées à la table qui contenait, je le remarquais maintenant, un plan de la ville, me scruta du regard. Il me sonda, m’analysa, pénétra chacune de mes réflexions lisant en moi comme on lit l’affiche mensongère d’une cave à vin un peu trop de bon aloi, comme si j’étais une putain vendant un pucelage perdu il y a des années. Je me sentis petit, petit au possible devant un regard d’une telle intensité, d’une telle profondeur. Il passa son attention, imperceptiblement, au pauvre hère, qui semblait mal dégourdi et plongé dans une sorte d’incompréhension mutique. Il l’observa, et je lus dans ce regard, dans cette saloperie de regard, une acuité et une intelligence si perçante qu’elle pourrait te transformer une armure de plate en putain de passoire. Il ouvrit la bouche un dixième de seconde avant de prendre la parole, comme s’il se soignait la gorge pour sortir d’un ton clair, envoutant et apeurant à la fois, ces mots très simple, prononcés presque bêtement par un esprit pourtant si puissant :

- Lui, c’est Bernard Osgris.

- Ah.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeJeu 28 Sep - 12:46

Chapitre 2, les Routes Tully



Je contorsionnais tous mes muscles pour presser la gourde, si fort que mes phalanges en rougissaient ; à grand peine, j’extirpais à la vessie de porc tannée ses dernières gouttes d’eau, en deux gorgées. Presque chaude, l’eau, à tel point que j’hésitais à la cracher juste pour le geste, en me demandant si son auguste majesté Frey en aurait quelque chose à foutre.

Si l’été n’était pas aussi torride ici qu’à Port Réal, au moins, là bas, il y avait un vent marin. En ce début de saison, le Conflans était asséché : pas une goutte de pluie depuis quinze jours. Négligemment, j’arrachais mon épée du cadavre du nordien que j’avais étripé. Pas loin de moi, je devinais Fureteuse en train de fouiller quelques cadavres pour leur prendre des souvenirs dont ils n’auraient plus besoin. Derrière moi, Raseur testait la solidité d’une épée piquée à un chevalier qui avait égaré la moitié gauche de son crâne, tandis que Pissard demandait à grand cri si quelqu’un avait vu le pied gauche du troufion à qui il avait extirpé une botte en velours magnifique.

C’était l’été, il faisait chaud, et on tuait des Feunoyr à tour de bras. En quête d’eau autant que d’infos, je me dirigeais tranquillement vers le lord des Jumeaux. Croqueur, à cheval à son côté, écoutait tranquillement Elston Frey énoncer quelques menus détails. C’était en fait la panache classique de toute heure précédant une escarmouche ; on comptait les morts, les blessés, on piquait ce qui était sauvable, on buvait un coup et on cherchait du regard ceux un peu trop bousculés qui pourraient chercher à foutre le camp d’ici la prochaine bastonnade. On achevait les blessés de l’autre camp, on racontait des salades à ceux du notre avant de leur faire subir le même sort, on recousait ceux qui étaient regardable, et on évaluait combien on pouvait tirer d’une carcasse de noble pour peu qu’elle respire encore.

Frey, lui, il faisait les choses d’une manière concise et efficace, et ça plaisait bien à Edmure. Il notait rapidement, il répartissait les tâches, et il avait une demi-escouade de gros bras pour gueuler à sa place quand quelqu’un lambinait un peu. Du haut de toute sa majesté, il nous toisait à peine ; faut dire que ses brutes à lui ne faisaient pas forcément meilleur genre que les nôtres. Les seuls qu’avait un peu de classe, c’étaient les archers de Harrenhall.
Eux, c’était tout en délicatesse, ils vous foutaient une flèche d’une oreille à l’autre, et l’histoire était entendue. Nous, on faisait un peu plus de foutoir selon l’humeur. Et là, elle était massacrante. Car bon, se manger une tannée pour s’être trompé de cible, ça se comprend. Avoir quelque insultes délicates et un ou deux traits d’ironies, des remontrances : se faire gronder, en somme, on s’y fait. Mais bon sang, être de corvée d’embuscade, surtout quand dans les mecs qu'on dézingue y'a pas un seul adversaire un peu rigolo, qu'est ce que c'était chiant...

- Du coup, c’est qui les prochains, dit Epingle ?

Frey tourna une page de son livret, et s’exprima d’une voix professionnelle.

- Normalement on en a fini avec les Feunoyr pour la journée. Les prochains, c’est moins délicat, mais ça demande un peu plus de doigté. Un noble du Sud exilé pour d’obscures raisons. Une vingtaine d’hommes en escorte.

Il me lança un regard lourd de sens ; le bonhomme connaissait son affaire, et se doutait bien que c’était plus à moi qu’à Edmure qu’il fallait s’adresser pour bien situer ça. Je soupirais de manière inaudible et gueulait un coup.

- Allez les histrions, la récré est finie ! Vous me foutez les cadavres dans le ruisseau, vous foutez un coup d’eau et on s’y remet ! Les archers dans la butte à gauche, les arbalétriers avec sa seigneurie ! Croqueur, Pissard, Tremblotte, Taquin et Tartare dans le sous bois, Charbon et la Veuve dans le fourré derrière, et les autres avec Lord Elston !

Mon atout pour être officier, c’était avant tout ma voix ; je gueulais fort, je faisais mariner mon auditeur quand y’avait besoin et je vous le vissais promptement si nécessaire. Je meublais ou je brûlais les conversations selon l’interlocuteur, le tout en parlant plus fort que tout le monde.
Avec un noble, je foutais deux ou trois mots bien placé qui me faisaient passer pour un génie ; avec un bouseux, je prenais l’accent le plus formidablement cul-terreux comme il le fallait. Là, j’exploitais pleinement mon avantage, autant pour faire un sort à la tâche que pour pas passer pour un bleu auprès du Frey.

Les cadavres s’évacuèrent vite fait, un coup d’eau et de balais (on y avait réellement pensé) et la scène était proprette. C’était limite si on aurait pas demandé au cheval de sa seigneurie de nous lâcher un étron par terre pour enrichir la scène d’un réalisme olfactif. J’empoignais mon épée, la lavais un coup, et sur le signe d’Edmure, je grimpais les trois foulées de dénivelé pour rejoindre le confort douteux des arbres. Le tapis de feuille morte ne couvrait plus les herbes folles, redonnant au parterre une magnifique couleur verte que ternissaient quelques tâches de sécheresse. Le lieu de nos embuscade était une demi-cuvette ; là ou la route tournait, une butte d’un côté et des arbres et buissons surélevés de l’autre. Pour se retrouver sur la route, il nous suffisait de bondir hors des fourrés et de balancer quelques enjambées ; de l’autre côté, les archers se cachaient derrière la butte, et attendaient un signe bien précis pour sortir. Au tournant attendait Elston et ses gars. Le plan était diablement simple ; Frey et son escorte apparaissait, et dans le moment de flottement innocent, les archers tiraient un coup. À la première volée, on jaillissait des fourrés tel une meute de loups en rut, et on vous trucidait tout ce qui était debout. Les Whent veillaient à ce que personne rebrousse chemin, et les Frey évitaient les poussées d’ardeur avec leurs piques.

Je gagnais ma place entre deux arbres, derrière un gros buisson dense, là ou seul un œil paranoïaque pourrait me trouver. J’étais flanqué de Pissard, lequel était un spadassin bourru, dans un âge flottant ; impossible de dire du gaillard s’il était de la bleusaille endurcie ou un vétéran empêtré.
Il salopait souvent son travail, certes, mais c’était aussi un veinard de première, la part lumineuse de l’Epingle, un gars qui te trouvait des pépites d’or dans chaque crottin qu’il cognait du pied par mégarde. Du reste, son accent de débile profond et la faiblesse de son élocution en faisait quelqu’un de passablement chiant, et qui ne s’illustrait vraiment comme copain que quand tu l’avais avec toi sur le champ de bataille, à condition de prendre garde à pas te manger une flèche qui le loupe par miracle. De l’autre côté, Taquin, un gars en apparence pas bien menaçant, mais qui vous tranchait en deux son bonhomme d’un coup d’épée sans sourciller. Aimant à titiller, il gagnait son surnom de son aptitude à rigoler du cadavre sanglant de votre mère étalée sur le sol autant que des richesses comiques qu’il trouvait à vous entailler de partout avant de vous achever. Les deux formaient une drôle de paire, l’un tout dans une subtilité dégeulasse, l’autre bourrin comme pas deux mais dont la chance de cocu lui donnait un air de prophète.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeSam 21 Oct - 11:55

Deuxième partie



- C’pas qu’on s’fait chier mais qu’ça s’rait sûr qui s’bouge le derch nos couillards avant qu’on s’choppe un coup d’chaud.
Le vocabulaire élégant et soigné du péquore reconverti eut pour seule réponse un ricanement de son compère.

- En tailleur tous les trois comme les cons on dirait juste qu’on est en train de faire du travail d’équipe dans le largage de bronze.

Je restais sourd aux idiomes de mes subordonnés, et je me concentrais sur la route. Mais impossible de leurs donner tort ; cette attente d’avant la bataille, on oublie toujours de la foutre dans les chansons. Tu t’ennuies fermes, t’as le temps de détailler chaque putain d’arbre, chaque putain de brin d’herbe. Les secondes passent pour des minutes, le soleil semble s’acharner sur ton crâne, tu regrettes de porter une armure, tu te demandes presque pourquoi tu t’es levé. Les lopettes se chient dessus presque plus que quand l’action commence, et les bravaches se donnent de grands airs alors que eux se défilent une fois qu’ils se rendent compte de quel genre de merde arrive. T’as tes jambes qui te démangent, les yeux qui piquent, tu sens mille et une odeur dont tu te serais passé.

Et au final, ils arrivent, et tu te rends à peine compte du temps que tu as passé à attendre. Chose surprenante, on les entendit presque au moment ou on les vit. Un noblion, à cheval, et une vingtaine de manteaux d’or, pas des plus beaux qu’on ait vu. Les gars avaient tous l’air vieux, avachis ; y’avait un manchot, un borgne et un bossu, de ce que je voyais d’ici. Quel genre de blague c’était ? Le gars à cheval, lui, il avait une épée en tout et pour tout, et semblait autant prisonnier que dirigeant de la masse d’hommes. Gros front, cheveux courts mal coupés, yeux de fouine, maigre mais quand même corpulent par endroits. Un soldat l’annota d’un « Lord Cendregué » entre deux phrases bateau pour meubler un voyage qui semblait fort emmerdant, même d’ici. J’entendis Taquin murmurer « Les Sept m’entendent qu’il a pas l’air d’une flèche celui là ».

A propos de flèche, les gars d’en face était précoce, car j’entendis un petit bruit sec indiquant qu’un des membres de l’escorte en avait prit pour sa bosse. Aussitôt, une demi douzaine d’autres traits se répandit dans la masse de ferraille et de dorure, qui se transforma en une nuée de poules caquetantes. Nous levant tous d’un seul mouvement, on franchit la barrière de verdure qui nous séparait de nos ennemis en une foulée bruyante ; deux de plus, et on était sur eux.

Tous les sons, les épées tirées du fourreau, Pissard qui fendait un gars en deux devant moi, un pauvre gars qui cherchait à enlever une flèche de son dernier œil, et le cheval du noble qui s’écrasait sous lui ; tous ces sons se mâchaient en une clameur difforme qui m’envahit les oreilles, le bruit de la guerre, un bruit haché au couteau, impropre et frénétique, qui battait la cadence pour moi.

Je fondis sur mes ennemis qui cherchaient vainement à former un mur de pique ; j’apercevais le noble qui chargeait dans la direction d’où je venais ; tranchant dans le lard du premier soldat sans le toucher sensiblement, je m’écrasais lourdement sur un second et le projetais au sol. Sans arrêter ma course, j’allais planter mon arme dans le dos d’un gars qui se retrouvait à l’opposé de ma position initiale. A ma droite, un gros, moche, levait sa pique vers moi, étrangement rapide à réagir, mais une flèche lui perça le torse d’une côte à l’autre. L’escorte, même nombreuse, tint à peine une minute. Je retirais mon épée d’un coup sec, et me retournais ; en quelques secondes, l’affaire avait été réglée, et je voyais cinq ou six couillons se faire achever du même instant. Le mouvement était magnifique, à vrai dire, mais cette synchronisation presque parfaite tranchait un peu trop à mon goût avec la crasse de l'endroit et des figurants.

Je me retournais juste à temps pour voir Croqueur et Pissard en train de courir après le noble, qui les menait avec de larges foulées. Merde ! La cible ! Je m’élançais à leur suite, en grimaçant de déplaisir. Il avait beau être moche et avoir l’air couillon, il courrait vite le bougre ! Il escalada en trois pas le point le plus abrupt de la petite butte que formait le sous bois, se retourna et nous fit un bras d’honneur.

Ok. Il venait de passer de « contrat vaguement mal foutue » à « cible à charcuter prioritaire » dans notre estime, ce qui se traduit par un jet de casque dans la tronche de la part de Croqueur, tentative amusante au possible mais semi-échec, car le casque se contenta de lui atteindre l'oreille. On continua notre course folle, mais le gars en démordait pas. Pissard, vachement rapide, le rattrapa et lui tailla vaguement la côte de la pointe de l'épée, mais l’enfoiré pila net et fit un croche patte à l’autre, qui, emporté par l’élan et son coup d’estoc, s’écrasa sur le sol comme un couillon. Poussant un cri de rage, je redoublais mon élan, tentant de le rattraper. Il jaillit juste avant moi des fourrés, et se rendit compte en quelques foulées de la présence d’un cours d’eau peu profond, mais rocheux au possible. Peu importe, il poursuivit, et commença à remonter le ruisseau, les jambes bravant le demi-mètre d'eau comme une bonne femme faisant son linge. Empêtré dans mon armure, et avec ces saloperies d’arbres sur les berges, je perdais du terrain sur lui.

Croqueur pataugeait avec de l’eau jusqu’à la barbe, furibond. Comprenant qu’il l’aurait pas à la course, le nabot gueula un truc comme « Je vais te la faire façon Dorne mon cochon ! ». Je ne compris pas vraiment la phrase, jusqu’à que je vois un caillou gros comme mon poing tracer une courbe mélodieuse pour atterri sur le crâne de Cendregué, qui poussa un petit « aieuh ! » pathétique. Croqueur exulta en le voyant chuter sur les genoux, et gueula de plus belle ; « Lapidez moi cette vieille pute ! » Me prêtant au jeu, je me baissais, ramassait la première pierre que je trouvât, et la lui lançât en pleine poire. Je le touchais à peine à l’épaule, mais le petit bruit produit fut odieusement satisfaisant.

Le pauvre gars se retrouvait harcelé par une pluie de projectile de tailles variées, dont la plupart loupaient leur cible. Profitant d’un tir manqué, le gars se releva et projeta le même caillou qui l’avait foutu à genoux en plein dans la tronche de Croqueur ; lequel, malgré sa solidité à toute épreuve, se retrouva à chuter lourdement dans la vase. La drôle de bataille de boule de neige poursuivit.

Avec l’air vengeur d’un enfant qui s'est écorché le genoux, il m’envoya à son tour une pierre accompagnée d’un juron banal. Je la vis arriver dans une courbe mélodieuse avec stupeur, mais le petit "plop" de la pierre contre mon plastron et un retour d’esprit enfantin me fit réagir de manière appropriée ; je la ramassais et l’envoyait en plein dans son pif. Il me traita de sac à merde ; je répondis d’une phrase incluant sa mère, son beau-frère et du matériel agricole.

Je crus que mon insulte l’avait mit en déroute, en le voyant se retourner terrifié après notre court échange de cailloux, mais c’est en voyant Croqueur me dépasser, la bave aux lèvres, dague à la main, que je compris la source de ses appréhensions. Le gars avait une large longueur d’avance, mais Croqueur, quand il est dans ces états là, ça vous protège pas. En un temps qui me sembla infiniment rapide, l’hurluberlu se retrouvait à nouveau les pieds dans l’eau, cette fois avec un sergent aux yeux vitreux au dessus de lui, le tenant par le col, prêt à l’égorger. En deux secondes, il l'avait rattrapé, de la vase coincée dans la barbe.

Le gars, théâtral jusqu’au bout, assorti la situation d’une phrase grandiloquente, l’apothéose de la pièce qu’il écrivait sur sa propre vie, le tout avec un ton noble et haletant. Il était là, comme ça, au bord du gué, les chausses dans l’eau et de l’eau dans les chausses, à vous sortir une grande phrase à un soudard de première comme s’il cherchait à conclure quelqu’obscure réflexion de sa personne.

« - Soldat… Pourquoi m’assassinez vous… L’or, ou la loyauté ? »

Et il vous fixa le nain avec des yeux pleins de fatalisme et d’une lueur qui se voulait intelligente, comme s’il acceptait son sort et voulait savoir qui avait commandité sa mort, mais en disant ça de manière littéraire et détournée. Croqueur le regarda avec de grands yeux étonnés.

« - Et ta sœur, ouais ? ».

Et il le poignarda.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeMer 15 Nov - 22:55

Chapitre 3 : L’expédition à Valyria


Franchement, on se demandait ce qu’on lui avait fait, à Harwyn ; d’abord, il se sert de nous pour infiltrer la ville ; quand on a gagné la guerre, il nous envoie décrotter les routes en poinçonnant quelques malheureux opposants politiques. Maintenant, on se retrouve à devoir accompagner un de ses sous fifres, un couillon de première si j’en crois les propos du Frey et du Rivers, qui est envoyé dans je sais pas quel trou paumé pour y trouver des épées. Alors bon, nous, on a pas trop cherché à connaître les détails ; on y va, c’est tout.

Mais bon sang, ça a l’air barbant son affaire. Surtout que notre boulot, et là dessus c’était clair, c’était autant de tenir à l’œil ceux qui pourraient en vouloir au sous fifre que de tenir à l’œil le sous fifre lui même. J’avais trois de mes soudards préférés avec moi ; Epingle, Prêteur et Tremblote.

Le troisième, dans sa défroque rouge, c’est plus la carence morale du bataillon ; on s’était figuré que le coin était pas exactement hospitalier, et avoir un prêtre de R’hllor, ça rassurait un peu les âmes en peine de nos chevaliers. Les deux cent soudards qui formaient le gros des troupes, eux, ils y captaient rien, mais l’essentiel c’est que Tremblotte, il avait beau être assez trouillard, il avait du bagou quand il fallait prendre une assurance débile.

Au final, il lui arrivait que des cochonneries, à ce gars là, mais ça semblait pas l’affecter outre mesure.

La première chose qui vous frappe, quand vous allez à Valyria, c’est bien entendu la mer ; grisâtre, fumeuse, souffreteuse, ça empeste autant que ça fait flipper. Epingle, lui, marin averti, ça le rassurait à peine ; et Prêteur, il dégeulait à tout va, donc il avait pas vraiment le temps d’y réfléchir. Tremblotte, lui, bien qu’un peu couard, faisait un sermon rassurant à l’équipage. Epingle vint vers moi en grimaçant.

- C’est envisageable que je l’assomme s’il continue à gueuler comme ça ?

- Nan.

- Je le crucifie alors ?

- Nan.

- Je peux le brûler, sinon ? Ils ont l’air d’aimer ça dans sa religion.

- Nan.

- Allez, juste un coup de dague dans le ventricule…

- Tu connais la version du rapport officier-subordonné qui consiste à : si tu l’ouvres encore une fois je te fous à l’eau ?

- Je suis bon nageur, tu sais…

- Tu nages plus vite qu’un requin ?

- Y’a pas de requin, ici. Trop dangereux pour eux.

Je goutais tout le sens du propos en voyant une colonne de fumée s’élever à moins de douze mètre du bateau, et je me prit à prier qu’on arrive au plus vite à terre. Je fus exaucé ; le chef avait visiblement décidé d’établir le camp loin de la ville. Pour sûr qu’elle était flippante, et ça même de loin ; des tours à moitié brisées qui s’élevaient comme des aiguilles, tout en noir-charbon durci, avec parfois des bâtiments entiers qui semblaient vous contempler en disant « vous êtes les prochains ». On établi le camp dans une cuvette légèrement en hauteur, ce qui nous donnait un bon point de vue sur une partie de la ville, là plus à l’ouest ; on se mit en route immédiatement, en laissant seulement une quarantaine de gars dont la moitié des plus trouillards sur place.

Un cordon de piquier procédait derrière une douzaine d’éclaireurs qui avançaient par paquet de deux. J’eu la surprise de reconnaître Surin – le patron, dans le sobriquet dont on l’avait affublé – qui avançait à pied parmi eux avec Pissard pour le seconder. Du coup, nous, on était juste derrière les piquiers, avec Sa Seigneurie, et ça nous donnait un point de vue on ne peut plus remarquable sur la situation. On franchit trois par trois une espèce d’énorme gouffre qui fendait la ville en deux, et longeait la route qu’on prenait. A plusieurs moments, on vit des ombres bouger de l’autre côté de la faille, jusqu’à qu’on arrive à l’endroit ou elle était la plus mince, à tel point qu’un bon saut vous permettait de la franchir. Trois quatre planches par dessus le bazar, et le groupe s’enfonça dans l’intérieur de la ville ; on fut corvéable d’arrière garde, le lord se disant que des gars un peu sur éviterait les débandades. Ben tiens…

On peut pas lui donner tort, derrière, les gars semblaient pas être des plus rassurés. La ville était sombre, même avec le soleil pourtant bien violent, la chaleur et la fumée ajoutant une touche désagréable au tout. Quand on rencontra des hommes de pierre, ça faillit être la débandade ; les engeances nous attaquèrent de partout, par dizaines, et les piquiers comme les archers firent le boulot en le maintenant à distance. Deux gars à nous furent touchés, et on dut les abréger fissa pour éviter de ramener à la saloperie de lèprose au continent. Derrière, ça puait la débandade.

A un moment donné, trois gars marchèrent au mauvais endroit, et tombèrent dans un gros trou ; vu la couleur rouge magma que projetait le fond, on doutât fort qu’ils soient en un seul morceau – en un morceau tout court, en fait – une fois arrivé en bas, donc on repartit. Ca vous fichait la trouille aux mecs de derrière, qui se prirent à comploter pour foutre le camp jusqu’aux navires ; Surin en égorgea un et ça régla l’affaire. « Le prochain qui fait le crétin je l’bute. » Ça vous refroidit son homme.

- Dis, Surin ?

Un grognement répondit à la question d’Epingle.

- Moi aussi j’peux en tuer un ?

- Pourquoi faire ? Ils ont arrêté de moufter à tout va.

- Ouais mais ça avait l’air marrant, comment ils se sont chiés dessus.

- Ecoute moi bien, tafiolle, si tu…

Il s’interrompit pour pousser un juron terrible tout en sautillant et en se tenant le pied, qui avait buté contre quelque chose de plutôt solide au sol. « Saloperie de bordel de ta sœur la couille de phoque de connerie de … »

Il ramassa un gros caillou ressemblant à une pierre précieuse, responsable du méfait, qu’il balança rageusement dans le gouffre profond nous jouxtant. Je remarquais les écailles bizarres du caillou au moment ou celui ci chuta dans les abîmes.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeMar 28 Aoû - 13:26

Chapitre 5 : Le Clan Tully


Allons bons, un mariage… Pendant que les copains s’amusaient à tricoter des pulls aux quelques pendards en attente qu’on avait recruté, et que le lieutenant faisait du pied à la Guilde des Voleurs qui avait visiblement changée de main depuis qu’on avait liquidé l’ancien chef sur la route y’a pas longtemps, fallait qu’on se coltine la sécurité d’un mariage… On perdait en dignité, sur le coup.

Double mariage, qui plus est ; Joanna Lannister et Edmond Tully, Tywald Lannister et Adèle Tully. Un héritier dans chaque paquet. Et toute une rimbambelle de cousins qui joueront à qui que c’est qui a le plus de dragons d’or et de postes au gouvernement. L’avenir s’annonçait radieux.

Ils ont tenu une foutue réunion en bas, avec une vingtaine de pointes du Conflans et de l’Ouest plus tous les porte-glaive possible ; Vance, Lychester, Crakehall, Rykker et nous autres couillons représentés par Surin et moi. Plus des gars de Braavos, des Terres de la Couronne… Et ils annoncent des ouvertures avec Rowan, Martell, Redwyne, Manderly, Velaryon. De quoi remplir les années à venir. Le complot le plus puant, c’est bien entendu nous qui allons nous le ramasser, foutre le merdier à Villevieille, et ça comme un jour de prière. Mais bon, ça, c'est dans l'immédiat : le futur à moyen-terme s'annonçait bien plus croustillant...

Le chef en a profité pour nous refiler deux nouvelles recrues ; rapide à trouver des surnoms, Pissard et Taquin les ont renommé Ficelle et Fouineur. Le premier dort beaucoup, le second est débile. Ficelle à ce quelque chose d’une asperge mélangée avec un furet. C’est sensé être une sorte de sorcier balançant des malédictions méchantes mais il a vite admis que le gros de son boulot c’était de faire croire qu’il savait faire plus que quelques tours de magie ; et ça marchait bien. La magie, c’est essentiellement montrer que tu sais faire deux trucs méchant, truquer le troisième, et bluffer sur le reste. Pour le reste, il tire à l’arc. Il parait qu'avant ça il était Castellan et que sa réputation pourrie ne l'empêchait pas d'avoir une certaine autorité ; les gonzes du coin se rendaient dès qu'il le demandait gentillement. Peut être aussi car il avait une trentaine de sergents pas très contents à son service, mais manque de pot, ils se sont tous fait tuer pendant la dernière rébellion Feunoyr.

L’autre a une arbalète et une grosse épée, il connaît plein de légendes à la con dont on s’en fout mais zéro truc intéressant, il est sensé avoir des foutus pouvoir de divination mais il boit trop pour faire des rêves, et en bon zoman, il est capable de prendre la peau, entre tous les animaux terrifiants et utiles qu'il avait loisir de contrôler, d’une chèvre…
Pissard l’a tout de suite apprécié.
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MessageSujet: Re: GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats   GoT V1 : Les aventures de vingt bons soldats Icon_minitimeMer 29 Aoû - 12:12

Chapitre 6 : La prise de Villevieille


MERLE

Probablement la plus grosse mission qui nous ait jamais été confiés. Prendre la ville, et par là j’entends bien zigouiller les défenseurs et foutre le lord dans une cage à oiseaux, et ce en totale surprise. Tout ça grâce au faux assassinat du patron, que Rowan et Martell foutaient sur le dos de Tyrell et Hightower, lesquels croupissaient en cellule à l'heure qu'il est.
Et maintenant, coup de râteau.


Un des grands atouts du plan repose sur la nullité incontestable de la bidasse au service d’Hightower, l’autre sur la supériorité numérique. Et ça ressemble à ça :

Une équipe entre dans la tour du port et abat la chaine, permettant à la flotte Martell d’entrer et de débarquer. Puis, elle traverse un bout de vile pour aller ouvrir la porte Est aux troupes Martell déjà débarquées.
Une autre ouvre la porte nord pour permettre aux troupes Florent d’entrer.
Enfin une troisième équipe constituée de troupes infiltrées dans le bordel Qorgyle et autres lieu du tout-venant foutent la merde dans leur coin et aménagent une zone pour débarquer.

PRISE DE LA TOUR

Le sicaire que nous avait refilé Surin n’était autre que le foutu beau-frère de Meenah Martell. Ben voyons. L’ouaille courait à traves la ville en gueulant, brandissant une épée bien trop distinguée pour l’escrimeur qui la portait. On en avait vu des grands chevaliers, des combattants de légendes et des porteurs de titre ; et force est d’admettre qu’avec vingt ans de foutu entrainement y’en avait qu’étaient foutument doués pour étriper. Mais ça fait pas un vrai tueur non plus.
Pour le porteur d’Aube, tout n’était qu’interrogation. Croqueur le regardait courir et chanter en rigolant ; le gars sortait à peine de la venelle qu’il gueulait sus, donnant un coup de pied à un porc qui passait par là et découpant les étals de marchandises. Au moins, l’alerte était donnée… Et en même temps qu’il dérangeait la vie du bourgeois, il chantait un truc affreux qui vous limaillait les tympans à la pioche. Pas de toute, il était complètement cramé.

A quelques mètres devant nous, la tour était là, gardée par trois gardes à la mine un peu moins rafraîchissantes que les donzelles en armure qu’on avait croisé jusque là. Tiens donc, Hightower avait quelques gars un peu dégourdis dans sa troupe ? Occasion sans doute de voir ce que valait le drille de Dayne, surtout qu’il devait y en avoir plus à l’intérieur.

Le gars chargeait à travers la place en poussant un hurlement derechef qu’on interprétait comme le couplet. Croqueur rigola :

- Si il tape aussi fort qu’il chante mal, on est posé.

Il arrivait au contact, la lame en l’air. Le premier gars en face descendit sa pique ; il l’esquiva et découpa le soudard aussi sec. Celui qui attendait derrière lui mit un coup dans la trogne avec la hampe de son arme et le porteur d’Aube s’effondra avec le nez pété.

Croqueur produit le rire le plus sonore qu’il m’ait été donné d’entendre ; presque aussi horrible que le chant de Dayne, mais dans un genre plus hache que pique.

- Il vaut pas un clou le rigolo !

Les deux drilles encore en vie déchantèrent un peu en voyant débarquer ma dizaine de cogneurs. Boulot vite fini. Tandis que Tambour donnait des grands coups d’esgourdes dans la porte pour la faire craquer, Croqueur réveilla le Dayne d’une paire de claque. Celui ci eut au moins l’honneur de ne pas quitter sa transe guerrière, quoiqu’il s’astiqua le museau douloureusement. Croqueur se tordait de rire.

- Maintenant t’es aussi moche que ta femme.

Dayne s’en fichait. Il se leva, entra dans la pièce avec nous. Celle ci était bondée d’une vingtaine de gars, écu et épée à la main ; un ou deux chevaliers, deux trois sergents, et pour le reste du piètre fantassin.
L’épée du matin voulut reprendre sa chanson mais se demanda subitement ou était la lame en question.

Le cure dent marbré était entre les mains de Pissard, lequel traversait le rang des adversaires dans une spirale sanglante. Edifiant spectacle pour le dornien qu'un cul-terreux se trimbalant avec Aube et tapant cinq fois mieux que lui.

Tambour balança une table dans la tronche d’un chevalier pour faire diversion, et Croqueur lança des javelots dans le tas pour éclaircir.
Deux spadassins chargèrent à gauche ; Nanar et Mouton, des gamins bardés d’acier, sans aucun goût ni entrain mais juste assez de neurones pour servir les desseins de gars avec plus d’oxygène dans le cerveau.
Croqueur avait lâché ses javelots et tapait sur un chevalier avec le bras de son pote.

Tandis que Pissard se trimbalait avec une épée plus distinguée que toute sa famille de ramasseurs de patates sur des gars qui se demandaient si le troufion édenté avec un air de chèvre attardée était bien l’Epée du Matin.
Pas de doute, les survivants seraient profondément troublés.

ZONE DE DEBARQUEMENT – MAGRET

Trois douzaines de reitres et de marins équipés de piques tenaient la zone de débarquement prévue des vaisseaux Martell. Magret, lui, attendait sur le toit du bordel, avec tous les tireurs qu’il avait ; une escouade à gauche, commandée par Epingle, avec les deux nouveaux Fluets et Fouineurs. Une à droite, commandée par Prêteur qui avait sorti un arc pour l’occasion, avec Fureteuse et Raseur, le second étant un séide Valois de nos chers alliés Frey, qui était connu pour son obédience et sa conception si particulière d’un travail bien fait quand il s’agissait d’assiéger même la plus pourrie des bicoques qu’on l’avait nommé comme ça.

Et Magret au centre, avec Carreau et un autre nouveau, Débile. Celui là était pas très malin, parlait beaucoup quand on lui avait rien demandé et pensait qu’il était très malin et parlait de sujets qu’il maitrisait.
De quoi transformer en foutu nid d’abeille n’importe quel bataillon bravache qui viendrait leurs taper sur les nerfs.
Si les Hightower avaient un tantinet d’esprit, ils auraient tenté de remonter la chaine aussi vite que possible. Le port est étroit, les navires passent deux par deux, et on en voyait pas plus de trois ou quatre pour l’heure dans la lagune.
En plus, navire, c’était un titre présomptueux pour ces trucs qui n’avaient rien à envier aux canoës sauvageons, version agrandie.

Mais ils ont effectivement tenté de prendre la rive, en envoyant pour ça ce qu’il devait leur rester de cavalerie. Les piquiers ont réussi à en stopper quelques uns, et c’était déjà pas mal vu le niveau des soudards engagés par le salopard en turban, on pouvait déjà se payer une tournée que les gars aient pas juste foutu le camp en voyant débarquer les bouffons en armure de Villevieille.

Et sans débandade, ils se sont fait proprement massacrer, travaillant l’attention d’un ennemi fort vaillant et fort peu attentif. A peine les gars avaient déboulés sur la place que Magret et ses copains leurs lestaient l’armure de quelques pièces d’acier supplémentaire.

Et en quelques minutes, une vingtaine de mastocs en armure et en turban rouges déboulaient, commandés par le Tarek, faisant bonne affaire des survivants.

L’enturbanné s’adressa à Magret là haut :

- Eh oh, le connard à Edmure ! Des pertes de votre coté ?

Lequel répondit :

- Une seule, sale ! Le mec à ma droite !

Lequel à son tour voulut répondre un truc, n’ayant pas l’impression d’être particulièrement mort.
Jusqu’à que Magret lui foute une taloche derrière le crâne, un coup de pied au cul, et, trois étages plus bas, adieu le petit gamin débile.

Carreau considéra que le travail serait mieux fait en lui tirant dans les noix au passage.

Magret regarda le cadavre au sol et eut une gueule bizarre.

- Je t’avais dit que Merle m’autoriserait à le faire.
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